Magali Mougel crée un vaste projet autour de la notion de dette

« Virginie Boccard m’a accordé sa confiance en mettant en place un dispositif suffisamment rare pour qu’il soit souligné. Un projet d’écriture de deux ans qui ne débouche pas forcément sur une création de plateau. L’écriture en soi est donc considérée, et ça n’arrive pas souvent, comme un acte de production. La première année, j’interroge des gens du territoire autour de la notion de dette. Au mois d’octobre dernier, j’ai ainsi rencontré des politiques, des élus, des travailleurs sociaux. Une dizaine d’entretiens au cours desquels les gens m’ont parlé de ce que représentait pour eux la dette, dans leur sphère intime et professionnelle.

Contracter une dette n’est pas forcément négatif

Ce thème est protéiforme. Il va encore m’amener à questionner un large panel de personnes, jusqu’à des moines, pour étudier la dimension cultuelle de la dette. Suite à des ateliers auprès de lycéens, j’ai eu l’impression que notre jeunesse se sentait très redevable vis-à-vis de leurs parents. À mon époque, on envoyait plutôt balader la famille. Je me suis dit que c’était peut-être l’effet des réseaux sociaux. Et que cela pouvait venir du fait que, dans notre société, les décisions politiques sont prises à l’aune de la dette financière. Lors de ces premiers entretiens, je me suis aussi aperçue que la dette pouvait être perçue positivement, si l’on dessine un vivre ensemble. Car une dette peut se transformer en promesse. »

Propos recueillis par Eric Demey