Julie Lerat-Gersant crée « 1729 Secondes », une histoire à suspense au plus près de vies blessées

« 1729 Secondes s’ouvre sur l’hospitalisation d’une enfant de huit ans et demi au sein d’un service de réanimation pédiatrique. Ensuite, la pièce remonte le temps de 24 heures pour nous transporter dans un mouvement de révolte sociale dû à la fermeture d’une MJC, dans un quartier populaire d’une ville de province. Cet événement va avoir divers impacts sur les multiples protagonistes de la pièce, qui viennent de tous types d’horizons. J’ai voulu que l’on retrouve, dans ce spectacle, une dimension cinématographique, notamment en passant de plans larges à des plans serrés, ou en basculant dans certaines scènes à la façon de montages alternés. Le flash-back auquel on assiste met en lumière les inégalités profondes qui fragmentent notre société. Pour ce premier texte de théâtre, qui est aussi ma première mise en scène, j’ai voulu créer une histoire à suspense qui repose sur une trame narrative vivante. Chaque spectatrice et spectateur peut ainsi mener sa propre enquête sur ce qui s’est passé et ce qui, peut-être, aurait pu être évité.

Nos petites lâchetés ordinaires

Sur scène, sept comédiennes et comédiens (ndlr, Cindy Almeida de Brito, Laurianne Baudouin, Zoé Belloche, Walid Caïd, Eric Challier, Juliet Doucet et Thomas Germaine) incarnent l’ensemble des personnages. Il était très important pour moi que le plateau soit pluriel et intergénérationnel. En imaginant ma mise en scène, j’avais envie qu’il y ait une forme de jubilation à observer ces interprètes très différents passer d’un rôle à un autre, un peu comme dans un tourbillon, comme dans un spectacle coup de poing qui nous plonge, en un instant, dans de grandes émotions. Les questions que pose 1729 Secondes sont des questions qui me tiennent particulièrement à cœur. Des questions liées à l’engagement, aux petites lâchetés ordinaires qui, malgré les meilleures intentions du monde, peuvent concerner chacun et chacune d’entre nous. Car on peut parfois avoir du mal à passer de la théorie à la pratique. J’ai voulu interroger tous ces sujets en essayant de ne jamais être moralisatrice, en témoignant plutôt de la réalité de la société dans laquelle nous vivons : une société qui, il faut bien le dire, ne va pas très très bien… »

Piolat Soleymat