Julie Deliquet présente « La guerre n’a pas un visage de femme » de Svetlana Alexievitch

Avec La guerre n’a pas un visage de femme publié en 1985, Svetlana Alexievitch met au point une démarche littéraire qu’elle ne cessera d’utiliser, composant une œuvre majeure qui lui vaut le Prix Nobel de Littérature 2015. À partir de nombreux entretiens réalisés avec des femmes soviétiques ayant participé à la Grande Guerre patriotique contre l’Allemagne nazie de 1941 à 1945, l’autrice et journaliste biélorusse réalise un montage dont la force politique et poétique apparaît à Julie Deliquet comme ayant une grande qualité théâtrale. Elle en réalise une adaptation qui fait écho au présent.

Vifs souvenirs du front

En s’emparant du texte choral de Svetlana Alexievitch de manière à obtenir dix témoignages distincts – l’œuvre originale en contient beaucoup plus –, Julie Deliquet fait résonner les paroles d’hier avec les conflits du présent. Impossible en effet de ne pas penser à la guerre en Ukraine en écoutant les dix actrices du spectacle partager les souvenirs du front. Dans un décor évoquant les appartements communautaires créés par le régime soviétique après la guerre, les voix du passé se font plus vives que jamais.

Anaïs Heluin