« Martin Eden » : Mélodie-Amy Wallet raconte l’épopée d’une âme
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Focus -335-Le Théâtre National Populaire de Villeurbanne, maison de création et abri poétique
Jules Audry adapte et met en scène le roman de Sofia Andrukhovych, figure multi primée de la scène littéraire ukrainienne. Premier volet d’un diptyque, la vaste fresque interroge la fabrication des récits qui fondent l’individu et structurent le collectif.
Comment avez-vous découvert l’écriture de Sofia Andrukhovych ? Quelles sont les lignes de force de votre adaptation ?
Jules Audry : J’ai rencontré Sofia Androukovitch à mon arrivée en tant que directeur artistique au Théâtre National d’Ivano-Frankivsk en Ukraine, où en 2019 j’ai adapté et mis en scène son roman Felix Austria. Elle m’a alors parlé d’Amadoca, qu’elle était en train de terminer, traversée intimiste couvrant trois siècles d’histoire en Ukraine. Nous avons ensuite entretenu un compagnonnage, qui a abouti à des lectures au TNP, avant la création cet automne d’Amadoca, adaptation que l’ai réalisée avec le comédien Yuriy Zavalnyouk. La pièce met en présence un soldat blessé, méconnaissable et amnésique, et une femme à son chevet, qui se présente comme son épouse. Leur confrontation fait émerger l’histoire d’amour d’un autre couple, unissant Oulyana, la grand-mère de Bohdan, et Pinhas, son petit ami juif. Plutôt que l’opposition entre Bohdan, figure de l’oubli, et Romane, figure du souvenir – réel ou fantasmé -, notre adaptation interroge la construction du récit, alors que la guerre et le conflit ont généré silence, déni, culpabilité, effacement. Les personnages sont engagés dans une reconstitution où l’oubli et le souvenir coexistent et se nourrissent.
Comment traitez-vous le traumatisme et l’enjeu de la mémoire dans votre roman ?
Sofia Andrukhovych : Le traumatisme affecte la façon dont la conscience humaine gère la mémoire : comment elle stocke les souvenirs, les élimine ou les modifie, quand elle les fait remonter à la surface et quand elle les dissimule. La mémoire est modifiée, déformée par le traumatisme. Elle se transforme en un tissu qui doit rester compatible avec la survie, la continuité de la vie. L’interaction de ces phénomènes façonne l’individu. L’histoire d’Oulyana et Pinhas évoque l’interdiction et la séparation des cultures, la tendresse humaine universelle, la cruauté des circonstances, d’une société. En même temps, c’est une histoire de culpabilité, qui devient le principal mécanisme de la vie d’un individu. L’histoire de Romana et Bohdan évoque le désir d’intimité à tout prix, la perte et la quête d’identité, la manipulation de la mémoire, les modes de narration et l’Histoire, une force mystique qui se joue des gens. Les destins humains rendent l’Histoire vivante, la rapprochent de notre compréhension, de notre empathie.
Propos recueillis par Agnès Santi
Du mardi au vendredi à 20 h, samedi à 20 h 30, dimanche à 16 h. Le roman Amadoca paraîtra aux éditions Belfond en janvier 2026, traduit par Iryna Dmytrychyn. Durée : 1h50. Spectacle en français et ukrainien surtitré.
Tél : 04 78 03 30 00.
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