Quand les mains font leur théâtre !
Innocente menotte, prédatrice à l’affût ou
sensuel velours, l’infidèle interprète qui trahit tant de nos émois se prête
volontiers au jeu des symboles et des métonymies. Depuis quelques années, voilà
qu’elle se pique de théâtre et se transforme du bout des doigts en une foule de
personnages. Les Rémouleurs s’amusent ainsi de la Lubie de cette curieuse
chose affublée de turbulentes radicelles, qui, au gré des duos pour violons de
Berio et de Bartók, se métamorphose tel un facétieux caméléon, sous l’?il du
« cyclope », ingénieuse « camera obscura » projetant sur écran ses moindres
agissements. Avec le Théâtre des Tarabates, la paume s’alanguit comme le sable
sous la caresse du soleil jusqu’à ce que sa comparse vienne troubler cette
allégresse estivale : avec humour et tendresse, La Brouille
décline les heurts et les joies de la vie à deux, entre dispute, intolérance et
réconciliation. Handiwork, de la troupe hollandaise Lejo, s’aventure dans
une assemblée plus étrange, composée de créatures bizarres parées d’yeux en bois
qui se livrent à de joyeuses chamailleries. Le Teatro Gaia, venu du Pérou, nous
entraîne encore plus loin, dans Les Mondes de Fingerman, pour suivre les
tribulations d’un être simple à travers les éléments, métaphore poétique de
l’interaction entre l’homme et son espace vital. Voici bien des univers
fabuleux? à portée de mains !
