Hervé Van der Meulen met en scène « Gargantua »

Pourquoi Rabelais ?

Hervé Van der Meulen : Je suis à Nice depuis un an. Muriel Mayette-Holtz m’a demandé de rejoindre la troupe permanente du TNN comme acteur et comme pédagogue. Pour la période des fêtes, elle m’a demandé un spectacle joyeux, tout public, doté d’une grande qualité littéraire. Je suis reparti en compagnie de Rabelais, que j’avais déjà travaillé et qui convenait parfaitement aux quatre acteurs permanents de la troupe et aux jeunes apprentis de l’ERACM : Elise Clary, Amélie Kierszenbaum, Armand Pitot, Laurent Prévot, Lîla Sanchez, Carla Ventre et moi-même. Etienne Bianco tient la batterie. Ce qui est génial chez Rabelais, c’est la multitude des thèmes qu’il aborde ainsi que la démesure avec laquelle il les traite. La langue est richissime, musicale et propice à la fête.

« La langue est richissime, musicale et propice à la fête. »

Quelle version choisissez-vous ?

H.V.M. : Je repars de la pièce de Jean-Louis Barrault, que je complète en revenant au récit initial de Rabelais. À partir de ce canevas, je distribue le texte entre les comédiens. Nous évoquons la naissance de Gargantua, son éducation, les jeux qu’invente notre héros, jusqu’à la guerre contre Picrochole et la création de l’abbaye de Thélème. Ce texte drôle et instructif est l’occasion d’aborder la différence entre la sclérose scolastique et l’éducation humaniste, faite de générosité et de tolérance, mais aussi la capacité de la raison joyeuse à renverser les tyrans amers et bilieux comme Picrochole. Pour la jeunesse, très angoissée, et pour le monde en guerre, ce texte est essentiel.

Cette joie semble guider votre travail à Nice…

H.V.M. : J’ai trouvé au TNN un extraordinaire appétit de travail, de culture et de vivre : c’est aussi ce que je souhaite traduire au plateau. La costumière Isabelle Pasquier et l’éclairagiste Stéphane Deschamps rejoignent, avec ce spectacle, cette équipe avec laquelle je m’entends très bien. Je suis très heureux de transmettre aux jeunes de l’ERACM l’importance de la troupe et du travail collectif.

Propos recueillis par Catherine Robert