Fériel Bakouri : « Quand on installe un chapiteau quelque part, on touche des tas de gens qui habituellement ne franchissent pas les portes des théâtres. »

Le Théâtre des Louvrais à Pontoise, l’une des trois salles de Points Communs, sera en travaux tout au long de la saison. Quelles conséquences cette fermeture induit-elle sur la programmation 2025/2026 ?

Fériel Bakouri : Toute la saison a été pensée en lien avec cette fermeture, qui est en fait une belle occasion de réinventer des choses. Privé du Théâtre des Louvrais, dont les travaux de rénovation énergétique doivent adapter ce bâtiment aux défis environnementaux, nous avons concentré notre programmation sur les deux salles du Théâtre 95 à Cergy. En octobre, le chorégraphe Calixto Neto, l’un de nos artistes en résidence, présentera Bruits Marrons dans le cadre du Festival d’Automne. Puis suivront des artistes aussi différents qu’Hortense Belhôte, Oona Doherty, Émilie Rousset, François Gremaud, Gurshad Shaheman…

Vous avez également programmé des rendez-vous hors les murs…

F.B. : Oui, car nous avons bien sûr voulu conserver des liens forts avec les habitantes et habitants du quartier des Louvrais. Nous avons donc demandé au Collectif Rara Woulib d’imaginer un grand projet participatif qui aura lieu à Pontoise en juin et à Saint-Ouen-l’Aumône en septembre 2026, dans le cadre du Festival Cergy, Soit ! L’idée de ce projet intitulé Deblozay est de créer de la mixité sociale et culturelle en allant à la rencontre de toutes sortes de personnes, pas forcément des habitués de la scène nationale, pour constituer un grand chœur amateur qui déambulera en chantant dans les rues, à la tombée de la nuit. Deblozay va permettre à des gens extrêmement différents de se réunir, de se mélanger, de participer ensemble à un grand moment de fête et de partage. Et puis, nous avons imaginé un autre projet hors les murs : l’installation d’un chapiteau dans le Parc François Mitterrand, du 17 au 24 décembre, au sein duquel la compagnie suédoise Circus I love you présentera son spectacle I love you two. Encore une fois, notre ambition est d’amener d’autres spectateurs à rejoindre les publics de Points Communs. Quand on installe un chapiteau quelque part, on touche des tas de gens qui habituellement ne franchissent pas les portes des théâtres.

« Quand on installe un chapiteau quelque part, on touche des tas de gens qui habituellement ne franchissent pas les portes des théâtres. »

Ailleurs & Ici, le pôle dédié à la danse et à la performance initié par Points Communs, vient d’être désigné Pôle international de production et de diffusion (PIPD) par le ministère de la Culture. Que représente pour vous cet événement ?

F.B. : C’est la reconnaissance du projet que je défends à la tête de Points Commun, un projet qui entretient un lien fort avec l’international, notamment par le biais du Festival Arts & Humanités, et qui affirme une volonté de coopération avec des partenaires français et étrangers. Cette labellisation va nous aider à encore mieux produire et diffuser les artistes que nous soutenons, qui sont souvent originaires du Sud global. Points Communs est le coordinateur de ce Pôle, qui comprend cinq autres membres (ndlr, la Fondation Royaumont, l’École Nationale Supérieure d’Arts Paris-Cergy, La Briqueterie de Vitry, le Centre National de la Danse, La Villette) et des partenaires associés. Les deux premiers artistes qui vont bénéficier des apports de production du PIPD sont Mellina Boubetra et le duo Marah Haj / Nur Gharabli.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat