FAVORISER LA PAROLE DE L’ARTISTE
ENTRETIEN / BERTRAND TURQUETY
Publié le 26 janvier 2017 - N° 251Directeur par intérim de Fontenay-en-scènes depuis le départ à la retraite d’Evelyne Biribin, Bertrand Turquety, qui fut son directeur adjoint, présente le projet de l’association.
Quels sont les grands axes de Fontenay-en-scènes ?
Bertrand Turquety : Depuis que l’association existe, elle a pour but de concevoir et de mettre en œuvre une action culturelle pluridisciplinaire de proximité, tout en ayant un rayonnement qui dépasse les contours de la ville de Fontenay-sous-Bois. Nos axes comprennent la diffusion, la formation, l’action culturelle et l’aide à la création. Quel que soit le domaine artistique (théâtre, danse, musique, cirque, arts plastiques, cinéma), nous privilégions les écritures contemporaines. Je conçois notre rôle comme celui de facilitateur de la parole de l’artiste auprès de la population. Il s’agit de mettre en rapport des œuvres entrant en résonnance avec le monde contemporain, avec une population, quel que soit son capital social ou culturel. C’est pourquoi le projet passe par des formes très diverses, en essayant de varier au maximum la façon de rendre cette parole visible, accessible. Par exemple, en établissant des connexions entre les disciplines comme en janvier dernier, avec une thématique politique composée d’une exposition « Political poster show », de la pièce Chute d’une nation de Yann Reuzeau, et des films Neruda et Ces garçons qui venaient du Brésil programmés au cinéma Le Kosmos.
On est frappé par l’importance donnée à la création contemporaine, aux formats insolites, aux hors-les-murs dans des lieux décalés : piscine, patinoire, régie de chauffage urbain… N’est-ce pas plus difficile de faire venir un public novice avec ce type de propositions ?
B. T. : Nous nous sommes rendus compte que ce n’est pas forcément en allant vers une programmation classique que nous réussissons à capter les publics peu habitués à fréquenter les théâtres. C’est justement parce qu’on fait le choix d’accueillir des créations ou des textes pas toujours très repérés du « grand public », mais artistiquement exigeants, que le travail de proximité prend tout son sens. Il s’agit d’un travail au long cours, qui fonctionne parce que nous avons réussi à créer une fidélisation avec les artistes et le public, qu’une continuité existe entre les équipes qui se succèdent et tout un réseau de partenaires solides. En ce sens, un axe important du projet est l’accueil de résidences, qui comprend l’action sur le territoire, l’aide à la création de spectacle et la diffusion. En plus de contribuer au maillage culturel local, cela participe de l’ouverture et de la curiosité que nous ambitionnons.
On sent un engagement à la fois inscrit dans la durée et militant. Est-ce dû à l’orientation politique de Fontenay, ville longtemps communiste et aujourd’hui Front de gauche ?
B. T. : Bien sûr. Quand je parle de travail de proximité sur le territoire, c’est aussi pour répondre à une commande publique qui est que la culture et l’art sont aussi essentiels au développement de l’être humain que l’éducation ou la santé. Cet élément d’épanouissement et de construction de l’individu, dans sa composante singulière et collective, ne peut pas se faire uniquement avec des rendez-vous réguliers autour de spectacles. Il se construit par un travail de fond, au quotidien, sur les spectacles bien sûr, mais aussi sur la formation. Nous avons par exemple une école de théâtre de 200 élèves, animée par des artistes professionnels, qui en plus de la pratique théâtrale, participe à cette idée d’ouverture et de transversalité entre nos missions. Toutes ces approches entrent dans le cadre de cette commande publique.
FONTENAY-EN-SCENES
166 boulevard Gallieni
94120 Fontenay-sous-Bois
Tél. : 01 49 74 79 10
Focus réalisé par Isabelle Stibbe