Fanny Vicens, les nouveaux sons de l’accordéon

À la Maison de la Radio, Fanny Vicens interprète la Sequenza XIII de Berio. « C’est une œuvre de maturité, de synthèse, très expressive et d’une virtuosité discrète », dit-elle, ajoutant : « Dans le dernier vers de son opéra La vera storia, Berio évoque « un ricordo al futuro ». La Sequenza XIII, c’est cela : le souvenir d’un futur – celui de l’instrument – pas encore écrit, mais dans lequel il invite l’auditeur à se projeter ». Comme l’accordéon, la guitare électrique n’a pas une « longue mémoire classique ». Les deux sont réunis dans Humus, le concerto de Basile Chassaing (né en 1986) que Fanny Vicens crée avec Christelle Séry, l’Ensemble Cairn et l’Orchestre de 3^e cycle du conservatoire d’Orléans. « Les sonorités fonctionnent plutôt bien ensemble. Ce sont deux instruments qui permettent beaucoup de modulations. Ici, Basile Chassaing s’inspire des dynamiques biologiques. Il y aura, je suppose, une dimension organique assez forte ».

L’acoustique, instrument à part entière

Cet automne voit aussi la reprise de Space, projet lauréat du programme « Mondes nouveaux », qui inscrit de nouvelles formes artistiques dans les espaces naturels et patrimoniaux. « La vocation de Space est de s’adapter et de se moduler selon l’acoustique des lieux » souligne Fanny Vicens. Jusqu’à présent, Space a surtout résonné au milieu des vieilles pierres. En le reprenant dans le hall du théâtre de Gradignan, dans le cadre du festival MÀD, il s’agit de « mettre l’écoute en abyme ». Les six accordéons réunis ici deviennent un « méta-accordéon » et l’acoustique est instrument à part entière. Cette interrogation de l’espace par le son glisse de l’écoute à la pratique avec la résidence au conservatoire de Romainville, que le duo Xamp inaugure avec un concert le 7 décembre et qui se conclura en mai avec Space aux Réserves, le FRAC de Romainville.

Jean-Guillaume Lebrun