![Bach Nord [Sortez les guitares] : amateurs et professionnels dansent ensemble - Critique sortie](https://www.journal-laterrasse.fr/wp-content/uploads/2025/10/marina_gomes-480x262.jpg) 
                      Bach Nord [Sortez les guitares] : amateurs et professionnels dansent ensemble
À la tête de la compagnie Hylel, Marina Gomes [...]
 
           
      Porté par Agathe Pfauwadel et la compagnie Pasarela, associé à l’Établissement Public Médico-Social Dionysien « Les Moulins Gémeaux » à Saint-Denis et essaimant dans d’autres lieux, le dispositif Faire corps et rayonner révèle et déploie les potentiels des personnes qui y sont accueillies.
À Saint-Denis, dans l’Établissement Public Médico-Social Dionysien (EPMSD) « Les Moulins Gémeaux », la chorégraphe Agathe Pfauwadel mène un projet artistique qui bouscule les frontières entre art, soin et société. Faire corps et rayonner, porté par sa compagnie Pasarela, est bien plus qu’un programme d’ateliers en milieu médico-social : c’est une fabrique chorégraphique inclusive, exigeante et profondément transformatrice. Un lieu où la danse devient un levier de création, de formation et d’émancipation pour des jeunes en situation de handicap. « Nous ne sommes pas là pour leur apprendre à danser ou leur dire ce qu’est la danse, mais pour que leur singularité, leur poésie, leur engagement, leur parole viennent contribuer à la culture et à l’innovation chorégraphique », affirme Agathe Pfauwadel. La rencontre avec Céline Schneider, psychomotricienne dans un autre Institut médico-éducatif (IME), a été fondatrice. Ensemble, elles ont « essayé de façonner et d’élever l’exigence des projets artistiques en milieu médico-social », en refusant les logiques d’animation ou d’inclusion symbolique. L’ambition est claire : faire émerger des auteurs, des artistes à part entière. Le projet s’est construit dans le temps, par l’expérience et la rencontre. Aujourd’hui, plus de quarante jeunes participent régulièrement aux ateliers de danse, de théâtre, de musique et au laboratoire artistique, en lien avec une dizaine d’établissements de santé. Certains sont là depuis quatre ans. Ils développent leur regard, leur sens critique, leur capacité à faire des choix. « Ils sont de moins en moins des élèves ou des participants d’ateliers, mais des artistes capables de porter un regard sur les spectacles qu’ils font ou qu’ils voient. »
La danse comme espace de transformation
La danse devient pour eux un espace de transformation, mais aussi de reconnaissance. « Ils progressent physiquement, mais surtout le dispositif les accompagne dans la création, la construction de leur identité. » Et cette identité ne se résume pas au handicap. « Quand nous arrêtons de dire “ce sont les handicapés qui vont rencontrer tel groupe” et que nous disons “ce sont des danseurs qui viennent partager leur danse”, cela change la considération des uns pour les autres. » Faire corps et rayonner, c’est aussi une manière de défendre les droits culturels. « Si nous voulons que des artistes en situation de handicap soient au plateau, il faut une formation initiale. Il s’agit de construire quelque chose qui les forme, qui leur permette d’entrer et de créer des passerelles entre l’accompagnement médico-social et les structures culturelles. » L’enjeu est de créer des outils adaptés, des espaces où leur singularité puisse pleinement s’exprimer. En 2024, un studio de danse a été inauguré au sein de l’établissement, grâce au soutien de la Caisse des dépôts et du Département. Ce lieu dédié permet d’ancrer le projet dans une dynamique professionnelle, d’accueillir d’autres compagnies en résidence, de renforcer la visibilité du travail mené. « Pour les jeunes, c’est une reconnaissance de ce qu’ils peuvent mettre en place, grâce à un outil ouvert sur le monde. » La Caisse des Dépôts, avec d’autres mécènes, finance l’ensemble du projet qui permet, notamment, de salarier les artistes. Au-delà des structures, c’est la rencontre qui fait œuvre. « En tant qu’artiste chorégraphique, j’ai été très touchée par leur sensibilité, par leur poésie de corps. Ils m’ont transformée. Ils ont façonné un autre regard sur l’art chorégraphique. Je leur suis redevable dans ma sensibilité artistique. » Le projet, né dans l’échange et le mouvement, est devenu une utopie concrète.
Agnès Izrine
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