La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -209-LABEL APARTÉ

Entretien / Nicolas Bartholomée

Entretien / Nicolas Bartholomée - Critique sortie Classique / Opéra Pantin Label Aparté
1 CD Aparté AP056 / 1 CD Aparté AP053 / 1 CD Aparté AP052

Publié le 24 avril 2013 - N° 209

L’éthique du son

Nicolas Bartholomée est l’un des preneurs de son les plus reconnus dans le domaine de la musique classique. Tout en continuant d’enregistrer pour les plus grandes firmes, il est également à la tête de son propre label.

« Une bonne prise de son est une prise de son qui ne se remarque pas. »

Comment est né Aparté ?

Nicolas Bartholomée : J’avais auparavant créé un premier label, Ambroisie, que j’ai vendu à Naïve. Je n’ai ensuite pas voulu me priver de relancer un label. Suite à l’aval d’Harmonia Mundi, pour la distribution, Aparté est né en 2008. Notre première sortie fut le disque « Dreams » d’Ophélie Gaillard, reprenant des hits du violoncelle, avec le Royal Philharmonic Orchestra. Il est longtemps resté dans le top 30 des ventes, s’écoulant à plusieurs milliers d’exemplaires. Cela a permis de faire savoir que le label existait. Rapidement, d’autres artistes nous ont rejoints : Christophe Rousset et ses Talens lyriques, David Grimal et Les Dissonances… Fort de ce corpus d’artistes, nous avons souhaité explorer des chemins de traverse. Nous sortons également les enregistrements des révélations des Victoires de la musique. Le label s’est donc étoffé, avec désormais une cinquantaine de références. Nous avons acquis une belle réputation : chaque semaine, je reçois une ou deux propositions d’artistes qui souhaitent nous rejoindre.

Comment financer aujourd’hui les disques dans un contexte de crise ?

N.B. : Il faut trouver des sponsors extérieurs (par exemple, le CIC nous soutient chaque année sur trois projets) ou des aides officielles. Il est par ailleurs essentiel d’extrapoler les ventes et de ne pas dépenser plus d’argent que ce que nous pouvons espérer obtenir. Si par exemple, nous pensons écouler 800 exemplaires d’un enregistrement, nous savons quels moyens nous pouvons investir. En fin d’année, nous devons avoir plus de disques vendus que de retours… Par ailleurs, il faut préciser qu’Aparté fait partie d’une société, Little Tribeca, qui est également prestataire de services pour d’autres entreprises (Naïve, Sony, Virgin…) et développe une activité audiovisuelle. L’ensemble nous permet d’avoir une colonne vertébrale solide.

Vous enregistrez vous-même une grande partie des disques d’Aparté. Quelle est votre esthétique en matière de prise de son ?

N.B. : J’ai une conception humble du métier. Pour moi, une bonne prise de son est une prise de son qui ne se remarque pas. Je recherche le plus de naturel possible dans le rendu des timbres. J’utilise en général peu de micros, et qui ne colorent pas le son. Mon but est que les auditeurs puissent bénéficier de la même écoute que des gens très bien placés dans une salle de concert. Je n’hésite pas à mettre les micros près des instruments, pour capter toute la saveur des timbres. Cela ne me dérange pas d’entendre le bruit de l’archet sur les cordes. J’ai la chance de travailler à Aparté avec d’autres preneurs de son, qui partagent ces mêmes convictions.

Pouvez-vous décrire la relation entre l’artiste et le preneur de son ?

N.B. : Il est toujours extrêmement dur pour un artiste de faire un disque. Il se met à nu devant l’ingénieur du son et le directeur artistique (qui peuvent n’être qu’une seule et même personne, dans mon cas par exemple), et, sans public, il doit créer de l’émotion. La seule personne qui le guide, c’est celui qui est en cabine. Il faut le guider sans toutefois modifier son interprétation. C’est une relation très particulière. Quand on se connaît bien, une vraie confiance s’installe. Le travail est constructif, rapide. L’artiste écoute une ou deux fois en cabine et ensuite ne vient plus, nous fait confiance. La relation est souvent plus compliquée avec un premier artiste qui n’a pas l’expérience de s’entendre derrière les micros. Dans ce métier, il faut beaucoup de psychologie et de diplomatie.

 

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

 

Label Aparté, 1 rue Paul Bert, 93500 Pantin. Tél : 06 12 82 18 67. Site internet : http://www.littletribeca.com

A propos de l'événement

Label Aparté
1 rue Paul Bert, 93500 Pantin
x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur la musique classique

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Classique / l'Opéra