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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -285-Les Safra’numériques 2020

Entretien avec Ikbal Ben Khalfallah et Didier Gus Ringalle : se rassembler autour des arts numériques

Entretien avec Ikbal Ben Khalfallah et Didier Gus Ringalle : se rassembler autour des arts numériques - Critique sortie Théâtre Amiens Le Safran - scène conventionnée.
Ikbal Ben Khalfallah et Didier Gus Ringalle © Yann Morel

Publié le 21 janvier 2020 - N° 284

Pendant les Safra’numériques, ce sont non seulement les 4500 m2 du Safran qui sont investis par les arts numériques, mais aussi plusieurs lieux partenaires d’Amiens. Pour Ikbal Ben Khalfallah et pour l’administrateur de production du Safran Didier Gus Ringalle, qui travaillent ensemble à la programmation du festival, il est important d’en faire un temps de partage à l’échelle de la ville. Et au-delà.

En 2017, la première édition des Safra’numériques attirait 5500 personnes. L’an dernier, pas moins de 13000 visiteurs ont exploré le Safran rendu méconnaissable par les œuvres exposées. Comment envisagez-vous la suite en termes de public ?

Ikbal Ben Khalfallah : Devenu incontournable dans la région des Hauts-de-France, ce festival pourrait aujourd’hui difficilement toucher beaucoup plus de personnes. Il est important pour nous de garder l’esprit convivial, familial du Safran. Nous souhaitons toutefois poursuivre notre effort auprès des lycéens et des collégiens, dont le nombre a déjà beaucoup augmenté ces deux dernières années. Les jeunes constituent une part importante de notre public – 2916 scolaires et 724 jeunes de centres de loisirs et sociaux sont venus l’an dernier –, ce qui est pour nous une réussite.

Didier Gus Ringalle : Notre présence hors du Safran se renforce cette année. La Maison de la Culture d’Amiens accueille par exemple l’installation vidéo Pangea de Simon Rouby et A_tiste de Michel Paysant, film réalisé avec un jeune autiste avec la technique de l’eye tracking basée sur le mouvement des yeux. Nous allons aussi organiser des ateliers en dehors d’Amiens, dans plusieurs villes de la métropole. Cette ouverture est symbolisée par la présence d’une œuvre sur le parvis du Safran, Papyrus de Tilt, et d’une projection du Kolektif Alambik sur un bâtiment tout proche.

« Nous programmons au coup de cœur, en recherchant un équilibre entre artistes régionaux, nationaux et étrangers. »

Comme chaque année, la programmation du festival rassemble des œuvres ludiques, d’autres politiques ou encore oniriques… Pourquoi ce parti pris de la diversité ?

I.B.K. : Les Safra’numériques ne sont pas nés d’un amour absolu pour les nouvelles technologies, mais de l’observation du territoire. À Amiens et alentours, les structures dédiées aux arts numériques et aux nouvelles technologies sont nombreuses, mais il n’existait jusque-là aucun événement susceptible d’en mettre le travail en avant. Une partie des artistes programmés aux Safra’numériques sont donc issus de ces structures. Nous nous rendons aussi dans de nombreux festivals en France pour découvrir des artistes. Nous programmons au coup de cœur, en recherchant un équilibre entre artistes régionaux, nationaux et étrangers.

D.G.R. : Comme partout, de nombreuses personnes à Amiens et dans la région souffrent d’exclusion numérique. Multiplier les esthétiques lors du festival est une manière de lutter contre cette fracture numérique. Nous voulons aussi montrer à quel point les relations entre artistes et chercheurs se diversifient.

Pourriez-vous extraire de votre programmation quelques thématiques ou axes forts ?

I.B.K. : Pour la première fois, des artistes venus en résidence au Safran, Cléa Coudsi et Éric Herbin, ont créé une œuvre à partir de leurs rencontres avec des habitants du quartier Nord. Plusieurs œuvres mettent en scène des réalités virtuelles, comme Atlas de Yann Deval, ville imaginaire et évolutive qui propose une expérience interactive autant que contemplative. La réalité augmentée est aussi très présente, avec entre autres l’installation chorale interactive Sming des Belges du Studio Superbe ou encore avec les œuvres de Camille Scherrer. La robotique est quant à elle représentée par Machine 2 fish du collectif Dardex, qui traduit les mouvements d’un poisson rouge vivant, et par les robots percussionnistes de Chimères orchestra. D’une année sur l’autre, nous voulons surprendre, offrir à tous un peu de magie.

A propos de l'événement

Les Safra’numériques,
du mardi 17 mars 2020 au samedi 21 mars 2020
Le Safran - scène conventionnée.
3 rue Georges Guynemer, 80080 Amiens.

Tel : 03 22 69 66 06.

www.facebook.com/ccLeSafran. www.amiens.fr/Safran

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