La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -269-L’entreprise ~ Compagnie François Cervantes

Ecrire pour accéder au réel

Ecrire pour accéder au réel - Critique sortie Théâtre Marseille L’entreprise – Compagnie François Cervantes
François Cervantes / crédit Melania Avanzato

Entretien / François Cervantes

Publié le 27 septembre 2018 - N° 269

François Cervantes, auteur, metteur en scène et formateur écrit pour le théâtre depuis presque quarante ans. Il est le directeur artistique de L’entreprise.

 « Le grand mystère du théâtre, c’est l’instant présent. »

Comment définir votre engagement artistique ?

François Cervantes : Ce qui me fait accéder au réel, c’est l’écriture. J’ai commencé à écrire vers douze ans, pour apprendre à parler. Quand j’ai rencontré le théâtre en tant qu’acteur, j’ai eu envie d’écrire pour le plateau, pour explorer le mystère de l’acteur. Le théâtre n’est pas tout à fait comparable à la littérature. Même si je ramène son énergie vers l’écriture, le plateau ne ressemble pas au livre, qui est patient. Le grand mystère du théâtre, c’est l’instant présent. L’art de l’acteur tient dans cette toute petite éternité. Voilà pourquoi j’écris de plus en plus pour l’instant présent et le lieu où se déroule le spectacle, ce qui agrandit la présence vibratoire des acteurs.

Comment travaillez-vous avec eux ?

F. C. : J’ai l’impression de travailler comme un chorégraphe avec des danseurs et je ne me suis jamais posé la question de la distribution, puisque j’écris les spectacles en compagnie des acteurs, en creusant le chemin des affinités, en produisant le carnet de voyage de notre compagnonnage. Les spectacles se créent en tournant, à force d’être joués. Le théâtre est un art collectif. Le meilleur moment, c’est quand on ne sait plus qui a fait quoi. Mais chaque acteur a besoin de suivre son chemin, de s’éloigner pour savoir qui il est. Le groupe présente le risque de se perdre : plus on est pris dans un groupe, plus on a besoin d’une solitude à lui offrir. Au théâtre, on n’est jamais à l’abri d’une rencontre ou d’un choc : s’y exposer permet souvent de lancer les créations suivantes et enrichit le parcours.

Pourquoi être en même temps formateur ?

F. C. : Les moments où l’on n’est pas tendu vers la réalisation d’un spectacle, où l’on échange sans direction précise sont très importants. Pour moi, ils le sont de plus en plus. En outre, le rapport entre les générations est de plus en plus complexe. Avec les élèves du Conservatoire, ça a été passionnant de se rendre compte des modalités actuelles de la transmission. Un texte peut continuer à voyager à travers les années mais il est lu et interprété différemment au fil du temps. Mon écriture a pris un grand virage en 2012, au moment de La Distance qui nous sépare où j’ai commencé à explorer la mémoire personnelle des acteurs et celle d’autres, venus de plus loin dans leur histoire. Le Rouge éternel des coquelicots suit cette voie, comme ça a été le cas pour Prison possession. Même chose pour Claire, Anton et eux, et même chose pour le projet à venir avec les élèves de l’ERAC et de l’Ecole d’Alger, l’écriture partant de leur rencontre réelle au plateau. Cet ancrage dans le réel me passionne depuis toujours.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

L’entreprise – Compagnie François Cervantes
Friche la Belle de Mai, 41, rue Jobin, 13 003 Marseille.

Tél. : 04 91 08 06 93. Site : www.compagnie-entreprise.fr

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