« Dire une société désirable » de Grégoire Ingold

« Avec Dire une société désirable, je poursuis un travail autour de Platon que je mène depuis une vingtaine d’années. Cette démarche vient d’une interrogation liée à la théorie du jeu de l’acteur. Je me demandais comment un interprète pouvait incarner un dialogue sans passer par le personnage et la situation. Le dialogue philosophique est passionnant pour mettre cette question sur le métier. J’ai mis en place une méthode, que j’ai notamment utilisée en 2015 avec Valérie Dréville et Didier Galas, ainsi qu’avec les élèves de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes et Marseille (ERACM), en association avec le Festival d’Avignon, où nous avons lu entièrement La République dans la traduction d’Alain Badiou. Ce nouveau projet prolonge celui de 2015.

Le théâtre comme assemblée

Pour Dire une société désirable, je retrouve la même méthode. Deux élèves de la promotion sortante de l’ERACM, membres de la Jeune Troupe de La Criée, accompagnées par deux comédiens avec qui j’ai l’habitude de travailler, jouent des passages de La République lors des six rendez-vous thématiques que nous organisons, à raison de trois en décembre et trois en mars. Un invité ouvre chaque épisode par une discussion avec le public sur le sujet du jour : l’injustice, la décadence des régimes politiques… Nous faisons ainsi du théâtre le lieu d’une parole diverse et collective, afin de réfléchir à la société dans laquelle nous avons envie de nous impliquer. »

Propos recueillis par A.H.