« Le Banquet des merveilles » de Sylvain Groud recrée de l’harmonie pour contrer les injustices
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Le directeur du Ballet du Nord Sylvain Groud, accompagné de la plasticienne Françoise Pétrovitch et du réalisateur Hervé Plumet, crée Des Chimères dans la tête, une ode à l’imagination qui unit arts visuels et chorégraphiques.
Comment sont nées Des Chimères dans la tête ?
Sylvain Groud : L’idée est née pendant la création d’Adolescent. Une patience était descendue, ne laissant voir que la moitié des corps des danseurs, et je me suis mis à imaginer ce qui se passait au-dessus, donnant une intention à ces jambes qui se baladaient seules. J’ai interpellé Françoise : « Regarde toutes les histoires que ça raconte ! » Cela l’a amusée car tout un pan de son travail concerne les morcellements. Elle m’a montré ses dessins, suggérant devant la moitié d’un corps que je m’occupe de sa continuité. C’était parti ! Elle m’a proposé qu’Hervé Plumet, qui l’accompagne à la vidéo et au son, nous rejoigne et nous avons ainsi écrit Des Chimères dans la tête à six mains.
Que raconte cette pièce ?
Françoise Pétrovitch : C’est l’histoire d’une petite fille dont les idées débordent. On lui demande de restreindre ses mouvements, son imagination. Malgré cette injonction à rester à sa place, elle ne peut s’empêcher d’être créative.
S.G. : Il est question dans cette pièce d’exploser le cadre. Le message que nous voulons faire passer est de ne jamais s’interdire de rêver, d’inventer, sans se juger ou se censurer. Picasso disait qu’il avait passé sa vie à recouvrer le geste de l’enfant. Avec ce spectacle nous voulons dire aux adultes de résister au formatage, et aux plus jeunes de ne jamais cesser de jouer.
Comment la danse et le dessin se sont-ils mutuellement nourris ?
F.P. : Commencer par les dessins était obligatoire dans le process. Une fois qu’ils ont été réalisés nous avons fait des essais avec la danse et les avons adaptés pour les corps. Des aller-retours se sont opérés. Hervé a lui aussi réajusté sa vidéo par rapport aux possibilités chorégraphiques. Tout est imbriqué.
S.G. : Au début de la pièce, lorsque des parties du corps des danseurs viennent prolonger les dessins de Françoise, il s’agissait pour moi de chorégraphier le mouvement d’une main, d’un genou. Alors qu’habituellement mon regard plane sur l’ensemble du plateau, j’ai dû faire un focus sur l’intensité, la vérité d’apparition et de disparition d’un tout petit morceau de corps. C’était très excitant. Ensuite, lorsqu’ils tombent de l’écran pour regagner la scène, leurs mouvements ont été très inspirés des gestes de Françoise. Comment le corps se nourrit-il du poids du pinceau, de l’eau, de la couleur ? Quelle trace laisse dans le sol un talon qui s’y appuie trop fort ? Ou au contraire une pointe qui y dessine un trait très fin ?
Quel dispositif avez-vous mis en place pour que les membres des danseurs semblent jaillir de l’écran ?
F.P. : Hervé a inventé un dispositif qui permet aux trois danseurs de se cacher derrière l’écran sur lequel sont projetés les dessins qui s’animent. Il fallait qu’ils y soient suffisamment collés et qu’ils puissent se déplacer pour faire apparaitre là une main, là un pied, sans que jamais on ne les aperçoive dans leur entièreté. C’est complexe et pourtant tout a l’air très simple, un peu bricolé. Nous voulions garder cette poésie de l’artisanal, à la Méliès.
S.G. : C’est en effet un projet aux contraintes multiples. Les danseurs notamment doivent inventer leurs propres outils pour se souvenir d’une partition étrange. Il faut savoir à quel moment et où apparaître, mais aussi à quel point et dans quelle énergie, une tension ou un relâchement par exemple. C’est de l’orfèvrerie. Faire en sorte que tout semble fluide et naturel demande une précision extrême, comme un tour de magie.
Propos recueillis par Delphine Baffour
Du 23 au 25 novembre à La Villette, Paris, du 29 novembre au 1er décembre au Grand Bleu, Lille, du 7 au 9 décembre au Théâtre d’Angoulême, les 15 et 16 décembre au Phénix, Valenciennes, les 12 et 13 janvier au Musée du Louvre-Lens, les 18 et 19 janvier au Trident, Cherbourg, du 1er au 3 février au Théâtre 71, Malakoff, du 8 au 10 février au Figuier Blanc, Argenteuil, le 9 avril à L’Éclat, Pont-Audemer.
Tél : 03 20 24 66 66.
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