La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -316-Le mécénat danse à la Caisse des Dépôts : engagement durable et synergie créative

Bruna Lopes Ribeiro met en œuvre un mécénat danse dédié à l’émergence et la jeunesse

Bruna Lopes Ribeiro met en œuvre un mécénat danse dédié à l’émergence et la jeunesse - Critique sortie
© Jean Nicholas Guillo / REA - Caisse des Dépôts – 2023 Bruna Lopes Ribeiro, responsable du mécénat danse de la Caisse des Dépôts

Entretien Bruna Lopes Ribeiro

Publié le 24 novembre 2023 - N° 316

Responsable du programme du mécénat danse de la Caisse des Dépôts, Bruna Lopes Ribeiro développe une action plurielle, générant une grande diversité de projets et d’ancrages territoriaux.   

Quelle est la philosophie du mécénat danse de la Caisse des Dépôts ?

Bruna Lopes Ribeiro : La philosophie de notre mécénat danse émane de l’identité profonde de la Caisse des Dépôts, une institution publique au service de l’intérêt général. Notre mécénat danse est centré sur la jeunesse. Il s’adresse principalement à deux publics : les chorégraphes émergents et les jeunes amateurs. Privilégier la jeunesse est pour nous un moyen de promouvoir l’égalité des chances en termes de parcours professionnels, ainsi que l’accès à la culture pour toutes et tous. Les chorégraphes émergents font preuve d’un grand potentiel créatif, d’une volonté d’innover qu’il nous tient à cœur d’encourager. Ils disposent de soutiens moins importants que les artistes confirmés, et notre aide constitue une réelle plus-value dans leur parcours. Il est aussi très important pour nous de soutenir des actions d’éducation artistique et culturelle dédiées aux jeunes, qui ainsi peuvent développer leur créativité et découvrir les richesses du monde de la danse.

« Le sens de notre accompagnement, c’est d’être aux côtés des artistes, de les voir grandir puis prendre leur envol. »

Comment définissez-vous l’émergence ?

B.L.R. : Nous soutenons des chorégraphes en début de carrière ou engagés dans un parcours de structuration de compagnie, mais aussi des chorégraphes qui commencent à être repérés et envisagent des projets ambitieux. Par exemple nous avons soutenu Aina Alegre pour THIS IS NOT (an act of love & resistance), qui implique de nombreux danseurs, danseuses et musiciennes. Nous accompagnons des chorégraphes qui ont réalisé en moyenne trois pièces, nous ne soutenons pas les solos, mais des duos, trios ou grandes formes. Le pari sur la jeunesse permet de découvrir de nouvelles expériences d’écriture dans des esthétiques diverses, même s’il est vrai que la Caisse des Dépôts entretient un lien particulier avec la danse contemporaine et les danses urbaines. Les besoins sont très importants. Entre 2020 et 2023 les demandes ont augmenté de 430% !

Au-delà de la concrétisation des projets, quelle est votre ambition ?

B.L.R. : Le sens de notre accompagnement, c’est d’être aux côtés des artistes, de les voir grandir puis prendre leur envol. Nous avons soutenu Arthur Perole depuis sa deuxième pièce en 2017, Rock’n Chair, lorsqu’il était à l’aube de sa carrière, jusqu’à Tendre Carcasse aujourd’hui, alors qu’il est devenu un artiste reconnu. Nombre d’artistes accompagnés par le passé par la Caisse des Dépôts font partie aujourd’hui de la scène française et internationale, tels Mourad Merzouki, Kader Attou, Philippe Decouflé, ou plus récemment Aina Alegre qui vient d’être nommée directrice du CCN de Grenoble. Je suis sûre qu’à l’avenir certains de nos lauréats deviendront des artistes chroniqués régulièrement dans les pages de La Terrasse !

En quoi consiste votre accompagnement ?

B.L.R. : Notre accompagnement est évidemment financier, avec des montants conséquents qui peuvent aller jusqu’à 50% du coût du projet, mais pas uniquement. Nous proposons aussi des formations, des webinaires, des actions en relation avec des partenaires culturels, de la visibilité dans les médias… Les artistes émergents ont besoin de développer un réseau. En plus de la création, les artistes doivent assumer plusieurs rôles. Un artiste est aussi un employeur qui gère une compagnie, un entrepreneur qui vend ses spectacles, un communicant qui met en valeur son travail auprès d’un mécène, de la DRAC, etc. Il est très difficile d’être bon dans tous ces domaines ! Notre aide vise à répondre à ces besoins, en développant aussi un mécénat de compétences. Tous domaines confondus, la Caisse des Dépôts a soutenu en 2022 550 projets, pour un montant total de 5,8 millions d’euros.

Comment travaillez-vous avec vos partenaires ?

B.L.R. : Nous sommes dans une recherche de cohérence. Plutôt que créer des actions ex nihilo, nous soutenons des dispositifs existants, initiés par les acteurs du secteur. Ainsi le Programme TRIO(S), conçu par l’Onda et la SACD afin d’améliorer la diffusion de la danse, dont nous soutenons le volet dédié à l’émergence. Ou La Grande Scène, projet mis en place par le réseau des Petites Scènes Ouvertes, œuvre à une plus grande durabilité et visibilité des spectacles, tel celui de Soa Ratsifandrihana. Autre dispositif, porté par Le Dancing à Dijon et impliquant tout le réseau des CDCN, Danse Tout Terrain développe en tout lieu la pratique des jeunes amateurs. Nos partenariats sont multiples. Notre aide bénéficie aux artistes ainsi qu’au secteur de la danse dans son ensemble.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement



www.caissedesdepots.fr/mecenat

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