« Bovary Madame » : Christophe Honoré interroge le mythe de l’héroïne de Flaubert

Au théâtre autant qu’au cinéma, Christophe Honoré met régulièrement son écriture personnelle au service de grandes œuvres du passé. Pour l’écran, il adapte par exemple La Princesse de Clèves qui devient La Belle Personne (2008). Pour la scène, il s’empare de Fin de l’Histoire de Witold Gombrowicz et Du côté de Guermantes de Marcel Proust. Fort de cette expérience, il s’attelle à présent au chef-d’œuvre de Gustave Flaubert. Entre théâtre, cinéma et cirque, son adaptation raconte et interroge le mythe littéraire qu’est devenue Emma Bovary.

Libérer Bovary

En inversant les deux mots du titre de Flaubert, Christophe Honoré laisse entrevoir son parti-pris. Il s’agit pour lui et sa troupe d’interroger la femme qui se cache derrière l’épouse. Après un premier mouvement en forme de pantomime, où Ludivine Sagnier dans le rôle-titre donne à voir Emma dans son rapport avec les hommes de sa vie – son mari Charles, ses amants Rodolphe et Léon, le pharmacien Homais ou encore le tentateur Lheureux –, l’héroïne reprend la parole et affirme sa subjectivité. Bovary Madame ne prétend pas livrer la vérité du personnage : il l’interroge et questionne la place phénoménale qu’il a prise dans la culture collective.

Anaïs Heluin