L’autrice et metteuse en scène Tamara Al Saadi propose « TAIRE ! », qui revisite le mythe d’Antigone
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Focus -328-À anthéa à Antibes, un fort ancrage et une exploration de nouveaux rivages
Daniel Benoin confie à la chanteuse et comédienne Aurélie Saada le rôle tourbillonnant et intense d’une femme désavouée, libérée par l’écriture d’une lettre à celui qui l’a quittée pour une autre.
Comment ce projet est-il né ?
Aurélie Saada : J’ai rencontré Daniel Benoin lors d’une lecture, le 8 mars dernier, à Nice, à l’occasion de la journée des droits des femmes. Il m’a dit « j’aimerais bien qu’on travaille ensemble », et quelques semaines plus tard, il m’a proposé ce texte de Botho Strauss. L’aventure est nouvelle pour moi, car cela fait des années que je n’ai pas joué au théâtre. Mais j’ai trouvé le texte magnifique, et comme j’aime les aventures et les challenges, comme aussi ce texte fait écho à beaucoup de choses que j’ai vécues, j’ai accepté. Daniel m’a fait un cadeau merveilleux avec ce texte : j’ai traversé des histoires similaires, j’ai écrit des chansons sur ce thème, mais c’est pour moi très nouveau de l’appréhender au théâtre à travers le texte d’un autre.
Qui est cette femme ?
A.S. : C’est une femme qui a aimé, qui aime, à la fois déchirée, détruite et très consciente de ce qu’elle est. « Tu es heureux, et aveugle ; je suis malheureuse, et je vois. », dit-elle à l’homme avec lequel elle a vécu pendant dix-sept ans. Elle lui écrit tout ce qu’elle a sur le cœur. Envoie-t-elle cette lettre ? Peu importe. L’essentiel est la traversée du deuil dans laquelle on l’accompagne. On apprend qu’elle l’a trompé, qu’elle l’a quitté : leur histoire n’est pas vraiment claire et il n’est pas question de chercher un responsable. Ce n’est pas une histoire assortie d’une morale mais une plongée dans les abîmes de la psychologie amoureuse. Cet homme a été l’homme de sa vie. La grande douleur, ce n’est pas que cette histoire se termine, mais que l’homme de cette histoire en change aussi vite pour en écrire une autre avec la femme qu’il épouse. L’amour laisse toujours des traces indélébiles, or, là, c’est comme si cet homme ressortait indemne de cette histoire, comme s’il la laissait seule avec tous leurs souvenirs communs. Elle se retrouve seule avec une histoire que lui ne partage plus. Voilà ce qu’elle ne comprend pas.
Chantez-vous cette incompréhension ?
A.S. : Il y a indéniablement une forme de musicalité dans ce texte très fort. Je serai sur scène avec un piano et ce texte intense et riche. Daniel m’a demandé de chanter. Mais que je joue ou que je chante, l’essentiel, ce sont les mots de cette femme et le fait que décortiquer son émotion la fait tenir. Dans sa lettre, elle raconte ce qui la traverse, et toute l’ambiguïté, toute la complexité d’avoir aimé pendant dix-sept ans et de voir l’autre s’en défaire comme si le temps ne comptait pas. Se défaire et se reconstruire : voilà l’enjeu et ce qu’offrent les mots.
Propos recueillis par Catherine Robert
Tél. : 04 83 76 13 13.
Site : www.anthea-antibes.fr
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