Empire of a faun imaginary, un monde étrange et délirant imaginé par Simone Mousset

Dans une galaxie lointaine, sur une planète aux paysages pastel, quatre faunes en justaucorps lycra colorés font sonner leur voix, frottent leurs pattes poilues sur des rochers couleurs saumon. Ce monde délirant est tout droit sorti de l’imagination de la chorégraphe luxembourgeoise Simone Mousset. On découvrait son goût pour le surréalisme, l’absurde et la couleur dans le cocasse The Passion of Andrea 2 (2019). Trois danseurs à la dégaine d’espion British y répétaient la même routine avant de se flinguer entre eux. Avec Empire of a faun imaginary (2022), elle met en scène une nouvelle qu’elle a elle-même écrite : l’histoire de trois faunes qui sombrent dans le chaos et la mort car ils ne parviennent plus à s’aligner les uns derrière les autres pour chanter.

Fantaisie et angoisse

À l’image de ce conte déconcertant, l’univers de Simone Mousset joue sur des contrastes, en enrobant l’angoisse existentielle dans un bonbon acidulé. La danse se déplie avec délicatesse, à travers des poses allongées qui rappellent la statuaire grecque, des ports de bras gracieux qui font écho à La Danse de Matisse, et des postures animalières, attitudes d’oiseaux et de dinosaures qui sèment le trouble sur le statut de ces êtres. L’ambiance sonore se laisse transpercer par des chants en harmonie, qui se transforment en cris chaotiques, pour figurer la peur vertigineuse de la fin.

Belinda Mathieu