Je suis drôle
Claude Perron crée le texte que Fabrice [...]
Manifestation transfrontalière et bilingue sans équivalent, trait d’union entre la Moselle et la Sarre, le festival franco-allemand Perspectives présente, en mai, sa trente-sixième édition, fort d’une adhésion publique toujours croissante.
A l’origine, Perspectives était un festival de théâtre français en Allemagne. A partir de 2002, quand le Conseil général de Moselle a souhaité devenir partenaire à part égale de la ville de Sarrebruck et du Land de Sarre (inaugurant ainsi le seul exemple de cofinancement culturel franco-allemand), il est devenu un festival franco-allemand, installant sa programmation de part et d’autre de la frontière. Depuis 2007, Sylvie Hamard est directrice artistique du festival. Sous sa houlette, le nombre des spectateurs est passé de 4000 à 13000 : ses intuitions et sa passion ont rencontré un public de plus en plus large, qui n’hésite plus, désormais, à venir du Luxembourg ou de Strasbourg, et que l’équipe du festival travaille à agrandir toujours davantage. Pluridisciplinaire, le festival se concentre sur les esthétiques francophones et germanophones, et a permis des partenariats entre les scènes françaises et allemandes qui n’auraient pas pu avoir lieu sans lui. « Je ne programme pas en fonction d’un thème, dit Sylvie Hamard, même s’il arrive parfois qu’un thème se dessine, du fait de la prégnance de certains sujets de société. Je fonctionne vraiment au coup de cœur, et suis très instinctive, un peu comme le public. Sarrebruck n’est pas une grande ville et je veux toucher un vaste public. Même si l’avant-garde est présente, je veux des spectacles grand public, pour vraiment rassembler le public français et allemand, en gardant une ligne et une qualité esthétiques excellentes. »
Fabriquer de l’amitié et du sens
« Entre Sarrebruck et Forbach, il n’y a que quatorze kilomètres, pourtant, de part et d’autre de la frontière, la langue du voisin se perd. C’est pour cela que nous usons du surtitrage systématique. Mais la langue demeure souvent une barrière, et nous avons un énorme travail à faire pour convaincre les spectateurs qu’un surtitrage bien fait ne gêne pas la compréhension du spectacle. » Même si la frontière a disparu, dans les têtes, elle existe toujours. Pour participer à une véritable identité transfrontalière, le festival Perspectives s’inscrit dans l’entité géographique que dessine la Grande Région, et fait en sorte de faciliter les déplacements entre les lieux de spectacle. Cette année, le cinquantième anniversaire du traité de l’Elysée (signé le 22 janvier 1963 entre De Gaulle et Adenauer), est l’occasion de rappeler l’importance de l’amitié franco-allemande. « Nous fêtons l’amitié franco-allemande tous les ans. Mais cette année, sous l’impulsion de l’Institut Français, et avec le soutien du Goethe Institut, a été initié le projet Transfabrik, qui associe différentes structures françaises et allemandes. L’idée était de créer des temps forts franco-allemands dans chacun de ces lieux, en puisant dans la liste de spectacles et d’artistes que nous voulions soutenir en commun. Une commande a été faite à Laurent Chétouane, qui a créé M!M, un duo chorégraphique sur la notion des politiques de l’amitié, repris dans ces différents temps forts. En plus du pôle spectacles vivants, Transfabrik présente un pôle de réflexion, avec des rencontres, des ateliers et des tables rondes. »
Catherine Robert