Behzod Abduraimov
Le jeune pianiste ouzbek de retour à Paris [...]
Découvrir George Onslow : c’est l’invitation que le Centre de musique romantique française lance au public des Bouffes du Nord, en six concerts de musique de chambre.
L’Histoire de l’art est parfois un terrible purgatoire. Avant de sombrer dans un oubli poli, George Onslow (1784-1853) était qualifié par certains de « Beethoven français ». C’est que ce natif de Clermont-Ferrand – il tient de son père, émigré londonien, ce nom à consonance anglaise – s’est choisi ses modèles dès ses premiers pas en musique. Compositeur autodidacte, il se forme en recopiant les œuvres de Haydn, Mozart et Beethoven. Alors que la voie royale de la reconnaissance passe alors presque exclusivement par l’opéra, George Onslow se tourne vers la musique instrumentale et compose pas moins de 36 quatuors et 34 quintettes à cordes. Comme le note la musicologue Viviane Niaux, George Onslow « comble la béance d’un répertoire quasiment inexistant dans l’histoire de la musique française de la première moitié du 19e siècle : celui de la musique de chambre » en même temps qu’il « préside à l’émergence de la conscience romantique à Paris ».
Romantisme à Paris
C’est donc une œuvre de redécouverte capitale qu’entreprend le Palazzetto Bru Zane en accueillant à Venise, du 11 avril au 21 mai, tout un festival replaçant l’œuvre d’Onslow dans le contexte de son époque. Trois des concerts vénitiens sont repris aux Bouffes du Nord, qui permettront de se faire une idée du style du compositeur et de son évolution. Le modèle beethovénien est perceptible dans la Sonate pour violoncelle et piano op. 16 n°1 de 1820, interprétée par Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel (le 1er juin), confrontée à des œuvres de Chopin et Alkan. Le 2 juin, c’est le Quatuor Diotima, toujours curieux de répertoires oubliés, qui s’attaque au cœur de l’œuvre d’Onslow avec les quatuors op. 54 et 56. Enfin, le Trio Van Baerle fera entendre le Trio avec piano op. 83, ultime œuvre du compositeur, suivi du Trio op. 18 de Saint-Saëns. Outre Alkan, le Festival Palazzetto Brun Zane aux Bouffes du Nord s’intéresse aussi à la voix (airs d’opérette sur le thème de la gastronomie, le 29 mai), à la harpe (récital d’Emmanuel Ceysson, le 4 juin) et interroge avec le violoniste Tedi Papavrami et le pianiste François-Frédéric Guy (le 5 juin) d’autres relations de la musique française (Kreutzer, Hérold et Hélène de Montgeroult) avec celle de Beethoven.
Jean-Guillaume Lebrun
Les 29 mai, 1er, 2, 3, 4 et 5 juin à 20h30. Tél. : 01 46 07 34 50.
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