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Théâtre - Entretien

Enfance et adolescence de Jean Santeuil

Enfance et adolescence de Jean Santeuil - Critique sortie Théâtre Toulouse Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
Légende : Fabienne Rocaboy, Quentin Dolmaire et Christine Brücher dans Enfance et Adolescence de Jean Santeuil, mis en scène par Agathe Mélinand. Crédit : Polo Garat

Entretien / Agathe Mélinand
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées / D’après Marcel Proust / adaptation et réalisation Agathe Mélinand

Publié le 24 octobre 2017 - N° 259

Après un premier travail sur Jean Santeuil présenté au Théâtre national de Toulouse en mai dernier, Agathe Mélinand poursuit son exploration du roman inachevé de Marcel Proust. Un voyage théâtral dans l’enfance et l’adolescence du grand écrivain.

Quelle place occupe l’univers de Marcel Proust dans votre imaginaire et votre mémoire de lectrice ?

Agathe Mélinand : Une place très importante. J’ai eu la chance de lire Proust lorsque j’avais 17 ans. Depuis, son univers est en moi. A partir du moment où l’on rencontre Marcel Proust, il ne cesse de nous parler, quotidiennement. Cela durant toute notre vie… Il le fait de façon très intime, très personnelle. J’ai une admiration sans borne pour cet auteur, pour son écriture, pour la vie qu’il fait naître dans ses romans. J’aime sa drôlerie, sa méchanceté piquante, la relation qu’il entretient avec le rêve, avec le souvenir…

Pourquoi avoir choisi de porter à la scène Jean Santeuil plutôt qu’un des opus de La Recherche du temps perdu ?

A. M. : Etrangement, j’ai toujours eu envie de créer un spectacle à partir de ce texte. Je ne savais pourtant pas encore, à l’époque où je l’ai lu, que je ferais un jour du théâtre. Jean Santeuil, c’est Marcel Proust très jeune. Je crois que je m’identifiais à lui. Et puis, contrairement à La Recherche du temps perdu, ce roman d’initiation n’est pas écrit à la première personne. On n’a donc pas à mettre en scène « le je » du narrateur, à représenter le monsieur à moustache que l’on a tous en tête.

« Pour moi, Proust, c’est quelque chose d’organique. »

Jean Santeuil contient en germe toute La Recherche

A. M. : Oui, et je trouve ça très émouvant. Mais, comme il s’agit d’un livre inachevé, un livre laissé en fragments, Proust y apparaît de manière plus brute, s’y dévoile finalement davantage que dans ses écrits ultérieurs. Car les masques mis en place dans La Recherche ne sont pas encore tous là…

Comment faites-vous théâtre de cette matière littéraire ?

A. M. : Pour moi, Proust, c’est quelque chose d’organique. C’est un univers que je ressens de façon naturelle. J’ai donc placé le texte au centre de mon projet. A aucun moment je n’ai essayé de le cacher, de faire du genre en me mettant en avant… J’ai voulu réaliser un travail simple, qui donne à entendre la langue de Marcel Proust. Un travail qui ne s’adresse pas qu’aux proustiens, qui permette aux spectateurs qui pensent que cette littérature est compliquée, qu’elle n’est pas pour eux, de se rendre compte qu’ils se trompent. Cela, en montrant l’intemporalité des personnages, en prenant des distances avec l’imagerie fin XIXème siècle dans laquelle l’œuvre de Proust est enfermée. Finalement, l’univers visuel créé est assez proche de celui de cinéastes comme Rohmer ou comme Ozu.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Enfance et adolescence de Jean Santeuil
du mercredi 15 novembre 2017 au samedi 16 décembre 2017
Théâtre national de Toulouse Midi-Pyrénées
1 Rue Pierre Baudis, 31009 Toulouse, France

Du mardi au samedi à 20h, le dimanche 3 décembre à 16h. Tél. : 05 34 45 05 05. www.tnt-cite.com

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