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En s’emparant du Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, Emmanuel Demarcy-Mota revient à ses origines théâtrales. Il interroge à travers cette pièce la profondeur du subconscient et célèbre en dirigeant 16 acteurs l’esprit de troupe.
Pourquoi revenir aujourd’hui à Shakespeare, dont vous avez monté Peines d’amour perdues en 1998 ?
Emmanuel Demarcy-Mota : Lorsque je monte cette pièce de Shakespeare, je suis encore à la tête de ma compagnie, Théâtre des Millefontaines, mais je suis déjà entouré d’actrices et d’acteurs avec qui je travaille encore aujourd’hui. Plusieurs, tels que Valérie Dashwood et Gérald Maillet, sont auprès de moi sur Peines d’amour perdues et sur Le Songe d’une nuit d’été. François Regnault, qui réalisait une nouvelle traduction de notre premier Shakespeare, fait aussi de même pour le deuxième. Après Peines d’amour perdues, j’ai mis en scène de nombreux textes peu connus du XXème – d’Albert Camus, Ödön von Horváth, Vercors ou encore Luigi Pirandello –, et j’avais besoin de revenir à la source.
On retrouve dans cette pièce de Shakespeare un motif que vous affectionnez et avez beaucoup exploré ces dernières années : le théâtre dans le théâtre. S’agit-il d’une des choses qui vont ont poussé vers cette pièce ?
E.D-M. : Tout à fait. Une mise en scène est toujours pour moi l’occasion de faire des liens avec des pièces précédentes ainsi qu’avec d’autres aventures de théâtre qui m’ont marqué. La présence dans Le Songe d’une nuit d’été de cette troupe de comédiens amateurs, d’artisans préparant un spectacle pour le mariage d’un prince, m’a permis cela. La mise en abyme donne aussi à voir le théâtre comme le lieu d’une révélation, d’une réunion possible, ce qui m’importe beaucoup.
L’une des particularités de cette pièce de Shakespeare est de donner à voir en parallèle trois univers, trois niveaux de récit. Comment avez-vous souhaité traiter cela ?
E.D-M. : Cet entremêlement de trois univers – celui des comédiens amateurs, des elfes et des humains – pose en effet la question de la forme à adopter. Les trois plans sont pour moi très reliés, et j’ai voulu donner à voir les circulations entre eux, qui provoquent un dérèglement à la fois climatique et érotique. Ces trois niveaux rassemblent de nombreux personnages, ce qui m’a permis de convoquer une distribution nombreuse et d’ainsi faire vivre la Troupe du Théâtre de la Ville, ce qui est pour moi très important. Je travaille aussi sur cette pièce avec d’autres collaborateurs de longue date tels que Fanny Brouste pour les costumes, Erik Jourdil pour les accessoires… Car il faut se battre aujourd’hui pour défendre l’idée du collectif, sur la durée.
Comment définiriez-vous votre relation au texte original de Shakespeare ?
E.D-M. : Il s’agit pour nous d’un rapport de proximité, que nous souhaitons partager avec le public. Cette pièce doit pouvoir toucher et être comprise par tous, sans que nous la simplifiions, simplement grâce à la précision et à l’engagement de notre travail. Il ne s’agit surtout pas de moderniser de façon volontariste. La complexité du désir humain, le rapport à la mort et à l’absence, sujets intemporels qui sont au cœur de la pièce, nous le permettent. Avec cette création, la Troupe fait aussi son retour au Théâtre de la Ville après nos longs travaux, ce qui la rend d’autant plus émouvante.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h. Tel : 01 42 74 22 77. Durée : 1h50.
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