Eddie Henderson Quartet au Sunside

Sur son dernier album, il pose assis sur le capot de sa Ferrari, comme un clin d’œil aux disques Blue Note de son ainé Donald Byrd qui se plaisait à paraître sur les pochettes de ses albums accoudés à son dernier bolide. Avec Byrd, Eddie Henderson ne partage pas que le goût des belles cylindrées ; il s’inscrit dans ce hard bop ancré dans le blues et façonné par le be-bop qui a fait les grandes heures du label d’Alfred Lion. Comme Byrd, il a aussi tâté des vertus de l’électricité et signé quelques disques groovy à souhait devenus des galettes de chevets de producteurs hip-hop avisés.

Un style forgé auprès de l’élite

Ancien de Mwandishi, le groupe psyché monté par Herbie Hancock aux débuts des seventies, Henderson a la particularité d’avoir longtemps exercé le métier de psychiatre, avant de se ranger définitivement du côté du swing. Étudiant, il prenait des cours le samedi avec Freddie Hubbard, le dimanche avec Lee Morgan, avant que tous deux ne le poussent à voler de ses propres ailes. Passé par les groupes d’Art Blakey et d’Elvin Jones, il s’est forgé un style auprès de l’élite de la confrérie des jazzmen. Autant dire qu’à 80 ans passés, le trompettiste a désormais atteint le rang de légende vivante ! De celles dont chaque note est lestée du poids de l’expérience ; de celles pour qui le jazz est une langue qui se parle d’évidence, parce qu’elle a été assimilée à la source. Désormais rangé des fureurs électriques — mais pas des voitures ! — Eddie Henderson se promène entre standards classiques revisités avec élégance et des thèmes originaux qui ne manquent pas de caractère. « Be Cool » titrait son disque en 2018. Soyez sûrs de l’être en allant l’écouter au Sunside.

Vincent Bessières