Théâtre - Critique

Dans la fumée des joints de ma mère, mise en scène Jean-Louis Martinelli

Dans la fumée des joints de ma mère, mise en scène Jean-Louis Martinelli - Critique sortie Théâtre Seine-Saint-Denis CDN Théâtre Gérard Philipe


Théâtre Gérard Philipe / Texte de Christine Citti / Mise en scène Jean-Louis Martinelli

A peine l’exploitation d’Ils n’avaient pas prévu qu’on allait gagner au Rond-Point terminée, Christine Citti et Jean-Louis Martinelli créent Dans la fumée des joints de ma mère au TGP. Des jeunes d’un foyer d’urgence à  des seniors qui doivent mourir dans les 24 heures, l’autrice et le metteur en scène font le grand écart à travers les âges de la vie. Celle de  Geneviève, jeune vieille populo, la septantaine un peu paumée, qu’interprète Christine Citti, a été marquée par un mari disparu sans laisser de regrets, une fille partie soudainement sans laisser de nouvelles et l’arrivée d’un quinquagénaire fringant qui réactive pas mal ses désirs. Elle a également partagé une partie de son existence avec Albert, son frère, 68 ans, qui se croit toujours en mai. Fan du chanteur Christophe à s’en faire la réplique, un peu anar limite complotiste, il vient malheureusement de recevoir le jeton. Le jeton ? Dans ce monde dystopique, on peut en recevoir un par la Poste qui nous condamne à mourir dans les 24 heures. Finit-on mangé en mode Soleil vert ? Nul ne le saura car le fil de la pièce se centre sur les dernière heures d’un groupe de quatre – Geneviève, Albert, leurs amies Malika et Estelle – qui ont préparé, en cas de réception du fameux ticket, un plan pour quitter ce monde de concert. Avec pour précieux auxiliaire un jeune dealer aux poches pleines de substances psychotropes qu’Albert ramène pour leur donner une énergie autre que celle du désespoir.

Le poisson Archibald affronte vaillamment les vagues de l’existence

Retraverse-t-on ainsi sa vie quand on sait que l’on va mourir ? En tout cas, les quatre personnages y vont chacun, chacune, de leurs traumas, de leurs rêves brisés mais aussi de leur désir de vivre, que cela dure encore un peu, fût-on pas loin de toute façon de la ligne d’arrivée. Ode à la vie, Dans la fumée des joints de ma mère exalte cette pulsion, cette libido qui agite encore de grands enfants aux corps vieillis mais loin d’être dévitalisés. Une pièce qui se veut joyeuse  à travers des personnages à la fois cocasses et ordinaires, qui, toutefois, n’a pas l’enthousiasme communicatif. Les tirades se succèdent et ne créent pas vraiment de situations. Le grain de folie des personnages reste  convenu. La dimension sociale de l’histoire – avec des personnages de la classe ouvrière – n’en dit pas grand-chose. Et le propos peine à décoller d’une invitation au carpe diem qu’il faut mener jusqu’au bout. Derrière les acteurs, la création vidéo de Fabien Chalon où se succèdent tout du long des paysages ainsi qu’un magnifique aquarium de la largeur du plateau où le poisson Archibald affronte vaillamment les vagues de l’existence offrent bien au spectacle une certaine profondeur. Une dimension poétique, métaphorique. Pour autant, « dans la fumée des joints de ma mère », on ne décolle pas vraiment.

Eric Demey

A propos de l'événement


Dans la fumée des joints de ma mère
du dimanche 6 février 2022 au dimanche 20 février 2022
CDN Théâtre Gérard Philipe
Théâtre Gérard Philipe, 59 Boulevard Jules Guesde, 93200 Saint-Denis

Du lundi au vendredi à 20h, le samedi à 18h, le dimanche à 15h30. Relâche le mardi. Tel : 01 48 13 70 00. Durée : 2h.


A lire aussi sur La Terrasse

  • Classique / Opéra - Agenda

L’Olimpiade de Vivaldi Jean-Christophe Spinosi et son ensemble Matheus

Jean-Christophe Spinosi et son ensemble [...]

Le mercredi 16 février 2022
  • Théâtre - Critique

Bros, conception et mise en scène Romeo Castellucci

En 2017, Romeo Castellucci présentait [...]

Du vendredi 11 février 2022 au 19 février 2022
  • Danse - Agenda

D’un rêve de Salia Sanou

Le chorégraphe burkinabé Salia Sanou engage [...]

Du jeudi 10 février 2022 au 12 février 2022