Docteur Miracle

Créée au printemps dernier à Paris, cette nouvelle production de la compagnie Colorature, bien connue du public avignonnais pour ses relectures de poche du répertoire lyrique, s’attache à éclairer l’inspiration ludique et charmante du jeune Bizet. Ce Docteur Miracle n’est rien moins que le premier ouvrage lyrique de celui qui allait composer avec Carmen, dix-neuf ans plus tard, l’opéra le plus joué dans le monde… Musicien surdoué et précoce, Bizet est déjà en 1856,  à l’âge de 18 ans, récipiendaire d’un second Prix de Rome et auteur de sa Symphonie en ut, partition radieuse encore souvent à l’affiche des concerts symphoniques. Il reste pourtant un inconnu du public parisien et pour tout dire un challenger lorsqu’il se lance dans l’aventure d’un concours d’opérettes organisé par un certain Jacques Offenbach, alors directeur du théâtre des Bouffes-Parisiens. Un concours qu’il remporte ex-æquo avec le très chevronné Charles Lecocq, maître du genre. Ces deux « Docteurs Miracle », bien différents mais très réussis l’un et l’autre (on se souvient que Mireille Larroche et la Péniche Opéra les avaient réunis dans un magnifique spectacle il y a une dizaine d’années) tombèrent pourtant très vite l’un et l’autre dans l’oubli. Rv Dupuis-Slota signe la mise en scène et la renaissance de cet ouvrage délicieux qui porte déjà la griffe de l’un des musiciens les plus subtils, inspirés et rayonnants de la musique française. Avec les voix de Diane Gonié (également directrice musicale), Sarah Dupont d’Isigny, Pierre-Michel Dudan et Raphaël Schwob, accompagnés par Raphaële Crosnier au piano.

Jean-Luc Caradec