De si tendres liens

Loleh Bellon n’est pas la plus connue de nos dramaturges mais elle est à découvrir. Cette comédienne qui a travaillé avec Genet, Barrault ou Vilar a décidé de se mettre à l’écriture dans la seconde moitié de sa vie. De si tendres liens appartient à ces écrits plutôt intimistes empruntant, selon Jérôme Garcin, « une voie médiane qui ressemble à une route de la campagne tchékhovienne bordée de bouleaux ». La pièce, écrite en 1984, raconte l’histoire d’une mère et de sa fille unique, un voyage dans le passé tissé de reproches, de manquements, d’absences.

Un voyage dans la mémoire

Tel Enée portant Anchise sur son dos, vient certainement un âge de la vie où l’enfant devient à son tour le parent de celui qui l’a porté. Et les griefs alors parfois s’échangent, de n’être pas assez présent, pas assez à l’écoute. De si tendres liens met donc en scène l’affrontement de Charlotte, interprétée par Christiane Cohendy, et de sa fille Jeanne, interprétée par Clotilde Mollet. Le duo évoque des souvenirs communs qui étrangement ne coïncident pas. Dans une mise en scène se détournant du réalisme, s’opère donc un voyage ponctué de rapides tableaux dans la mémoire maternelle, qui va permettre aux deux femmes d’éprouver ce qui, au-delà des peurs, constitue leur indéfectible lien.

Eric Demey