Cosi fan tutte ou les couleurs de l’ambivalence avec Emmanuelle Haïm et Laurent Pelly

Ils s’étaient déjà rencontrés lors d’un Giulio Cesare de Haendel, au Palais Garnier il y a onze ans. Emmanuelle Haïm et Laurent Pelly retrouvent leur complicité pour un nouveau Cosi. Le prolifique metteur en scène français, qui, dans le domaine lyrique, a bâti sa réputation grâce au répertoire comique et léger, est un expert dans la mécanique des situations. Après un Barbier de Séville en 2017, il revient au Théâtre des Champs-Éysées avec les mystifications du cœur sous le désabusement amusé de Don Alfonso dans le troisième volet de la trilogie Da Ponte/Mozart.

La sincérité du mentir-vrai dans la musique de Mozart

Emmanuelle Haïm, qui, au fil de son exploration du corpus mozartien, avait déjà abordé Cosi fan tutte à Lille en 2017, dans un spectacle conçu par Christophe Honoré pour Aix-en-Provence, s’appuiera sur la ductilité et les couleurs des instruments d’époque de son ensemble Le Concert d’Astrée pour faire affleurer la complexe confusion des sentiments, dans une partition où, pour la cheffe française, « l’émotion musicale dépasse le mensonge théâtral ». Elle sera entourée par la fine fleur du chant français d’aujourd’hui. Vannina Santoni et Gaëlle Arquez incarneront les deux demoiselles aux côtés du duo contrasté d’amants formé par Cyrille Dubois et Florian Sempey, sous l’oeil du Don Alfonso de Laurent Naouri.

Gilles Charlassier