Le Roi Lear, d’après William Shakespeare, traduction et dramaturgie Daniel Loayza, adaptation et mise en scène Georges Lavaudant
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La metteure en scène Anne Théron dirige Mireille Herbstmeyer et Frédéric Leidgens dans Condor, de l’auteur Frédéric Vossier. Un face-à-face nocturne sur fond de traumatismes enfouis. Quand les blessures de l’intime peinent à faire théâtre.
Anna. Paul. Une sœur et un frère qui se retrouvent, après quarante ans de séparation. L’un et l’autre sont âgés. C’est elle qui lui a téléphoné, demandant à le voir. Elle débarque chez lui avec des choses à dire, des souvenirs à convoquer, des comptes à régler, des questions à poser. Car tous deux ont épousé, par le passé, des causes politiques adverses. Anna était une militante syndicaliste engagée dans la lutte contre les dictatures d’Amérique latine. Paul, lui, a pris part à l’opération Condor, alliance conclue dans les années 1970 par les services secrets argentins, chiliens, brésiliens, boliviens, uruguayens et paraguayens pour éliminer les opposants s’élevant contre leurs régimes autoritaires. Toutes ces choses ne sont que suggérées par la pièce de Frédéric Vossier (publiée aux Editions Les Solitaires Intempestifs) que la metteure en scène Anne Théron présente à la MC93. Car Condor privilégie l’intime au politique, le creux au plein, l’ellipse à l’explication. Économe, radicale, s’extirpant de la psychologie facile, l’écriture de Frédéric Vossier dessine de jolies trouées en terre de réminiscences et de pulsions.
Des creux et des silences
Mais dans le spectacle interprété par Mireille Herbstmeyer et Frédéric Leidgens, les non-dits ne font pas souvent sens. Pas plus que les silences ou la lenteur. Au sein de la mise en scène ténébreuse d’Anne Théron, qui nous plonge dans les espaces froids d’une sorte de bunker (la scénographie et les costumes sont de Barbara Kraft, les lumières de Benoît Théron), la matière des souvenirs et des traumatismes reste la plupart du temps formelle. Comme si l’écriture avait du mal à naître, à se faire organique. Comme si la chair manquait. L’un des mystères du théâtre, qui rejoint d’une certaine manière sa beauté, réside dans le processus secret, impénétrable, qui permet à l’invisible d’exister sur un plateau, de révéler des mondes derrière des mondes, une vérité derrière des mots, derrière des corps. Ici, ce processus n’a pas lieu. Quelque chose entre les deux comédiens n’opère pas. On retiendra tout de même de ce Condor quelques belles atmosphères (la création sonore est de Sophie Berger, les vidéos de Mickaël Varaniac-Quard). Ainsi que quelques paroles en suspens que l’on aurait tant aimé voir échapper à une forme d’immobilité.
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au vendredi à 19h30, le samedi à 18h30, le dimanche à 16h30, le jeudi 25 novembre à 14h30. Durée de la représentation : 1h20 minutes. Spectacle vu au Théâtre national de Strasbourg, le 18 octobre 2021. Tél. : 01 41 60 72 72. www.mc93.com
Également du 26 au 29 avril 2022 au Théâtre Olympia - Centre dramatique national de Tours.
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