La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Comédie pâtissière

Comédie pâtissière - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Tempête

Théâtre de la Tempête

Publié le 21 septembre 2015 - N° 236

L’auteur et metteur en scène Alfredo Arias évoque avec mélancolie son enfance dans l’Argentine péroniste. La comédie manque de saveurs…

« La chapelle de mon village », « La ruche », « Le manège », « Livre de prières », « Le drapeau argentin »… Voilà quelques-uns des extravagants gâteaux dont Dona Petrona rassasiait les ménagères massées derrière l’écran noir et blanc des années 50. Égérie de la patrie péroniste, cette fée de la création culinaire saupoudrait des rêves sucrés sur la misère des classes moyennes pour rendre le quotidien moins amer. Ses merveilleuses recettes ont bercé l’enfance d’Alfredo Arias, qui trouvait là un dulcifiant contre l’ire castratrice de sa mère. Sa génitrice s’acharnait en effet à brider sa personnalité, à le ficeler bien serré pour qu’il tienne dans le modèle de la normalité. « Cette inquisition permanente a généré chez moi un traumatisme profond de la communication. » explique-t-il aujourd’hui. Tant et si bien que le petit Alfredo développa une sérieuse névrose qui lui valut sans doute des décennies de psychanalyse… D’ailleurs, il poursuit sa cure en scène : « Comment pourrais-je construire un lien avec mon passé, mon enfance, sinon par une forme de création ? ».

Esthétique meringuée

Devenu « pâtissier de la dramaturgie théâtrale », il signe donc une Comédie pâtissière roborative qui invite en scène Dona Petrona elle-même pour évoquer la société argentine de l’époque et surtout sa jeunesse étouffée. Tenant son propre rôle à travers le personnage de Al, il picore dans ses souvenirs et les sert, entre la table de cuisine et le divan, agrémentés d’une pointe de mélancolie. Le tout, enrobé d’une esthétique trop fardée, donne un pudding fade, truffé de calembours et ponctué d’intermèdes chantés en direct par une femme en fourreau rouge boudiné. Encartés dans leurs costumes et perruques, Alfredo Arias et Sandra Macedo circulent sur un tapis de confettis défraichis sous l’œil du drapeau argentin. Leur duo manque (encore ?) décidément d’alacrité et s’englue dans la mélasse des anecdotes. Le style du metteur en scène a perdu le charme qu’il avait, sans doute usé à force d’être resservi à toutes les sauces.

Gwénola David

A propos de l'événement

Comédie pâtissière
du lundi 21 septembre 2015 au dimanche 18 octobre 2015
Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manoeuvres, 75012 Paris, France

à 20h30, sauf dimanche 16h30, relâche lundi et le 13 octobre 2015. Tél. : 01 43 28 36 36. Durée : 1h20.

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