Maîtres anciens de Thomas Bernhard, mise en scène de Gerold Schumann
Pour incarner les personnages de Thomas [...]
Charlie Windelschmidt adapte la deuxième partie d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll. Un spectacle qui éclaire les pouvoirs du langage.
Quelle est cette deuxième partie d’Alice que vous portez au plateau ?
Charlie Windelschmidt : Elle n’est pas nommée comme cela mais le dire ainsi aide à comprendre. Disons que c’est la suite de la partie un peu enfantine. C’est aussi celle qui est la plus obscure, mystérieuse, politique. Les personnages dont on se souvient en sortent souvent. Comme Humpty Dumpty, ce personnage en forme d’oeuf perché en haut d’un mur et qui s’écrase à la fin.
Pourquoi vous attaquer à ce monument littéraire ?
C.W. : C’est une vaste question. Je crois que j’y ai senti une épaisseur et une étrangeté qui m’attiraient. J’ai aussi lu des textes critiques à son sujet qui m’ont passionné. Lacan, Aragon, Artaud qui en avait traduit une partie. Et surtout Deleuze qui note que Lewis Carroll critique l’époque victorienne en s’attaquant à la langue anglaise. En effet, Alice se retrouve face à des petits monstres tyranniques, capricieux, mesquins, qui lui pilonnent la tête avec leurs logiques verbales. Dans le contexte de la novlangue libérale, c’est un fil que j’avais envie de tirer.
Comment comptez-vous faire pour tirer ce fil ?
C.W. : Je pars de la traduction de Henri Parisot, j’effectue des coupes, des réaménagements. Je veux qu’Alice accomplisse un parcours où elle prend conscience que quelque chose se joue dans la langue.
Comment cela se traduit-il scéniquement ?
C.W. : Nous sommes dans le souvenir d’un lieu qui pourrait nous faire penser à un EHPAD, avec des personnages qui sont des figures vieilles et moches, jouées par des comédiens portant des masques en latex, avec un vrai côté Freaks. Ils viennent sortir Alice de l’armoire, elle débarque sur un échiquier géant et la fameuse reine rouge lui donne sept étapes à franchir, lors de sept tableaux où à chaque fois elle rencontre un monstre – un vieux ou un duo de vieux – avec à la fin Humpty Dumpty, la plus cruelle incarnation du vieux patriarche blanc qui lui explique la vie.
Propos recueillis par Eric Demey
du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Tel : 01 43 28 36 36.
Pour incarner les personnages de Thomas [...]