Bande Dessinée : Richard III part à la conquête du Groenland dans « La Terre Verte » d’Ayroles et Tanquerelle
Et si Richard III n’était pas mort à la fin [...]
Virginie Augustin et Michaël Le Galli portent de vives accusations contre le plus célèbre des dramaturges. Serait-il l’instigateur de tout ce remue-ménage qu’a été l’histoire de la Comédie-Française, parfois nommée sa « maison » ? Une enquête facétieuse à paraître le 26 mars aux éditions Rue de Sèvres.
Dans cet album, Molière (Jean-Baptiste pour les intimes), avec son long nez et court sur pattes, semble tout droit sorti du Muppet Show. Aussi mignon soit-il, tout est de sa faute. Eh oui ! C’est de sa faute si Marivaux, Olympe de Gouges et Voltaire ont pu éclairer la salle de leurs Lumières, si, en 1790, le tout Paris adopte la coiffure « à la Titus » pour imiter le grand comédien Talma dans Brutus. Si, aujourd’hui, au générique des films on a pu lire « de la Comédie-Française » accolé aux noms de Laurent Lafitte, Guillaume Gallienne ou Pierre Niney, c’est encore sa faute ! Ce grand coquin de Poquelin, idole (ou ennemi juré) de bien des bacheliers, habite tout l’album, tel un esprit farceur qui veille sur sa grande famille : les comédiens. Véritables parias, excommuniés et interdits d’avoir une sépulture digne, les comédiens des XVIIème et XVIIIème siècle n’obtiennent la citoyenneté qu’en 1789. Avant cela, ils vont de mécène en mécène pour trouver la protection nécessaire à créer, ont une réputation sulfureuse, fricotent avec les puissants et sont au cœur de tous les potins de la capitale.
Deux siècles en cinq actes
C’est un sacré morceau d’Histoire auquel on s’attaque en ouvrant cette BD, et dans nombre ouvrages de vulgarisation, les dessins ne font souvent qu’illustrer des informations indigestes, et l’ennui pointe le bout de son nez. Mais pas ici ! Le théâtre, la comédie ou la tragédie, c’est vivant ! Vivant comme ce découpage aéré, pédagogue et lisible, qui abandonne souvent les cases traditionnelles pour multiplier les formats. Vivant comme ce mini-Molière qui passe de page en page et commente le cours des événements. Vivant comme la foule qui envahit les salles de spectacle, qui hurle et invective le comédien lorsqu’une réplique est mal déclamée. Car le théâtre est un art populaire, et les salles d’antan étaient semblables à une place un jour de marché. L’odyssée théâtrale navigue sur les remous de l’Histoire de France, en raison de cette capacité qu’ont les pièces à fasciner le public et à diffuser des idées. Ainsi, la Comédie-Française a toujours été un haut-lieu du débat public, et les auteurs parviennent à faire de ses comédiens de véritables héros, toujours acteurs de leur propre histoire.
Enzo Janin-Lopez
Parution le 26 mars 2025.
Et si Richard III n’était pas mort à la fin [...]