« Bruits marrons », Calixto Neto chorégraphie la musique rebelle de Julius Eastman

On redécouvre peu à peu l’œuvre musicale et la démarche performative de ce compositeur américain, marginalisé et tombé dans l’oubli. Noir et homosexuel dans le New York des années 70, sa musique porte ses revendications queer, et c’est à travers sa composition Evil nigger que Calixto Neto crée lui aussi un espace de corps queer et racisés. En référence au marronnage, ce mouvement rebelle et libérateur des esclaves en fuite, le chorégraphe s’appuie sur la musique d’Eastman pour proposer une communauté de gestes autour d’un piano, revu et corrigé comme un instrument à percussion. Chocs et frappes viennent interpeller notre imaginaire autour de références qui lient la musique classique, la musique savante, et les musiques populaires aux racines africaines. Pour sa troisième pièce au Festival d’Automne, le chorégraphe brésilien poursuit son travail exploratoire des identités métissées, marginalisées ou oubliées, dans un désir réparateur et émancipateur fort.

Nathalie Yokel