Brahim Koutari joue l’histoire de sa vie dans « 24 Place Beaumarchais », un texte co-écrit avec Adèle Gascuel

Le théâtre de sa vie, c’est d’abord Échirolles, dans la banlieue de Grenoble, là où il a grandi. Son éloquence est reconnue par tous, évidemment par sa maman. Grâce à des ateliers théâtre, l’étincelle s’allume, puis des mains se tendent, des portes s’ouvrent, jusqu’à ce que Brahim Koutari intègre, encouragé par Arnaud Meunier, l’École de la Comédie de Saint-Etienne. Comme l’indique le titre de ce seul en scène, à travers son parcours de jeune homme arabe de foi musulmane devenu comédien, ce dernier raconte la vie de son quartier – qu’il aime – autant qu’il célèbre le théâtre – qu’il aime aussi. 24 Place Beaumarchais est un acte de transmission qui rassemble, qui suscite l’espoir, malgré les obstacles lorsque rien ne prédestine à intégrer le monde de la culture, malgré le poison des préjugés et du racisme.

Urgence de dire et désir de partage

« Je souhaite que la diversité puisse s’opérer dans les salles de spectacle et que mon histoire, ce texte, puisse faire une différence. » confie l’acteur, qui depuis sa sortie de l’école travaille au théâtre ainsi qu’au cinéma. Au-delà d’une linéarité réductrice, de clichés plus ou moins attendus sur les marges et les transfuges de classe, la pièce affirme avec force sa singularité. À travers une oralité plurielle et contrastée, l’autrice, comédienne et metteuse en scène Adèle Gascuel fait place à toutes les facettes artistiques et citoyennes qui composent ce récit de vie, mis en scène par Catherine Hargreaves. « Brahim nous invite donc chez lui : au théâtre. » précise cette dernière. Être acteur de sa vie, dans ce lieu où la passion du jeu se mêle au désir de dire le monde, c’est inspirant…

Agnès Santi