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Mise en scène par Marie Benati en version bilingue franco-arabe, chose inédite, Bérénice de Racine nous apparaît des plus proches.
« Avec le collectif Nuit Orange que je dirige, nous nous attachons beaucoup à revisiter les classiques. Nous les abordons par ce que nous y reconnaissons, et dans Bérénice de Racine il s’agit des rapports de force qui jouent contre l’héroïne parce que femme, parce qu’étrangère. Nous constatons chaque jour combien cette peur voire cette haine de l’Autre est toujours très présente dans nos sociétés. Je voulais que le fait que Bérénice soit étrangère s’entende concrètement au plateau ; j’ai donc réfléchi à mêler aux alexandrins une autre langue. Il fallait que cette dernière ait la même force poétique que le verbe racinien, ce qui m’a rendu évident l’arabe littéraire, qui contrairement aux arabes dialectaux n’est pas une langue utilisée quotidiennement. J’ai alors rassemblé des artistes d’origines diverses : Ghina Daou (Bérénice) est libanaise, Edouard Dossetto (Titus) et Leslie Gruel (Paulin) sont français, Adam Karoutchi (Arsace) et Sanae Assif (Phénice) sont marocains et Majd Mastoura (Antiochus) tunisien. Il a été passionnant de travailler avec eux à la fluidité des langues.
La traduction au cœur de la tragédie
Dans notre Bérénice, seuls deux personnages, les Romains que sont le roi Titus et son confident Paulin, ne parlent que français. Les autres, qui sont des protagonistes venant de diverses autres contrées, ne cessent d’aller et venir entre les deux langues. La traduction est donc au cœur du spectacle, par le sur-titrage bien sûr, mais aussi parfois par oral. D’autres moments sont en arabe sans traduction, car nous avons jugé que certains passages étaient facilement compréhensibles, même par un public français. Dans le rapport que chaque personnage entretient aux langues chez Racine, on retrouve tout à fait ce qu’a produit la colonisation française. En imposant sa culture à un autre peuple, la France ne s’est pas ouverte à la langue de l’Autre, alors qu’à l’inverse les peuples colonisés savent deux langues. C’est une grande richesse que j’ai aussi voulu montrer. »
Propos recueillis par Anaïs Heluin
à 21h45. Relâches les 10, 17 et 24 juillet.
Tel : 04 90 85 00 80.
Durée : 1h30.
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