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Théâtre - Entretien

Avec « Trois discours sur l’amour », Nicolas Liautard anime le « Banquet » de Platon

Avec « Trois discours sur l’amour », Nicolas Liautard anime le « Banquet » de Platon - Critique sortie Théâtre chennevières-sur-marne parc departemental de la plaine des bordes
still life with a wooden table and old bottles on it against the background of the autumn sky

Parc départemental de la Plaine des Bordes, Chennevières-sur-Marne / d’après Le Banquet de Platon / conception et mise en scène de Nicolas Liautard et Magalie Nadaud

Publié le 20 mai 2025 - N° 333

Nicolas Liautard et Magalie Nadaud inaugurent un nouvel événement estival dans le Parc départemental de la Plaine des Bordes avec Platon pour présider les festivités et l’amour comme thème de réunion.

Que gardez-vous du Banquet ?

Nicolas Liautard : Les discours d’Aristophane, Agathon et Socrate qui rapporte les paroles de la prêtresse Diotime de Mantinée. Il ne s’agit pas d’une adaptation, dans la mesure où nous ne réécrivons pas le texte, mais d’un focus sur son cœur, son centre, dans une traduction délibérément poétique. Des amis se retrouvent chez le jeune poète Agathon qui vient de remporter un concours de tragédie. Il a fait une première fête très arrosée la veille. Au deuxième jour, on décide de moins boire et de s’enivrer des idées dans l’euphorie de la pensée.

 « Ce texte comporte de quoi arracher notre époque au matérialisme qui l’englue. »

Quels sont ces trois discours que vous retenez ?

L. : Celui du poète comique, celui du poète tragique et celui du philosophe. Agathon propose que l’on débatte pour définir la nature d’Eros. Aristophane parle en premier, de façon comique, en évoquant le mythe de l’androgyne, faisant le récit d’un âge d’or, avant la répartition des humains en deux genres. Ce mythe très drôle fait de l’amour la tentative pour retrouver notre unité première séparée par les dieux. Vient ensuite Agathon, qui s’éparpille et se contente de jolis mots en un discours emporté, inspiré, assez creux et très drôle, lui aussi. Socrate intervient enfin, après avoir menacé de quitter le banquet. Il définit l’amour comme désir et comme manque. L’amour n’est pas un dieu, mais un démon, intermédiaire entre les hommes et les dieux. Rapportant l’enseignement de Diotime, il pose que l’amour est un apprentissage, une élévation jusqu’à la connaissance unique du beau en soi. L’amour fait progresser vers la connaissance et a également pour objectif l’immortalité. Voilà où nous nous arrêtons.

Vous êtes un familier de ce texte…

L. : Je le connais un peu, pour l’avoir joué pendant sept ans, dirigé par Michèle Foucher. Aujourd’hui, nous passons le relai à une nouvelle génération d’actrices : Sarah Brannens joue Socrate, Jade Fortineau, Agathon, Maïa Foucault, Aristophane. Mahdokht Karampour les accompagne au santour basse. Nous croyons ce texte nécessaire alors que la dimension spirituelle est aujourd’hui absente des scènes, tandis que notre besoin de spiritualité, lui, est immense : ce texte comporte de quoi arracher notre époque au matérialisme qui l’englue. La représentation d’un Vème siècle athénien, où les idées seraient miraculeusement apparues à l’Occident, ne tient pas : Socrate (et donc Platon) poursuit à bien des endroits l’enseignement d’Empédocle et de Pythagore, qui tiennent eux-mêmes leur savoir des Chaldéens, Phéniciens et autres communautés. Il est absurde d’opposer Orient et Occident, comme il est absurde de croire à la seule force de la raison. C’est notre mission d’artiste de le revendiquer.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Trois discours sur l’Amour
du mardi 8 juillet 2025 au samedi 12 juillet 2025
parc departemental de la plaine des bordes
127, rue des Bordes, 94430 Chennevières-sur-Marne

Festival à la campagne

à 16h. Tél. : 01 48 84 40 53. Site : www.lestheatrales.com Durée : 1h15.

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