Avec « La Maison d’en face », Léo Walk chorégraphie la vie

Léo Walk – de son vrai nom Léo Handtschoewercker – découvre la danse dès l’enfance, à travers le breakdance, qu’il pratique dès l’âge de 7 ans. Après une tournée de trois ans avec Christine and the Queens, il fonde en 2018 sa propre compagnie : La Marche Bleue. Son style, qu’il qualifie de “walkdance”, mêle danse contemporaine et influences urbaines. Avec Maison d’en face, sa deuxième création, Léo Walk poursuit son exploration du langage corporel comme vecteur d’émotions brutes. Le spectacle s’installe dans un décor familier — une salle à manger — pour mieux brouiller les frontières entre l’intime et le collectif. Les neuf danseurs évoluent dans un espace de cohabitation silencieuse, où les gestes du quotidien deviennent chorégraphie. S’y déploient des tensions, des rapprochements, des solitudes partagées, comme autant de fragments de vie.

La « Walkdance », un style éminemment personnel

La danse de Léo Walk se distingue par sa fluidité narrative. Elle ne cherche pas à impressionner par sa virtuosité – pourtant remarquable –, mais à toucher par sa sincérité. Les mouvements sont précis, parfois retenus, souvent chargés d’une émotion contenue. Le rythme alterne entre lenteur contemplative et fulgurances physiques, traduisant les hauts et les bas de la vie en communauté. Le chorégraphe capte l’essence de notre époque à travers des scènes du quotidien qui oscillent entre tendresse et fracas. Loin de la démonstration technique, la danse devient ici un miroir de nos fragilités, une poésie du banal. Léo Walk ne raconte pas, il suggère, laissant émerger du sens à partir de gestes simples : un regard, une main posée, une chaise déplacée. Chaque détail est pensé pour créer une atmosphère, une tension, une histoire sans mots. La scénographie, sobre et modulable, accompagne cette écriture chorégraphique en laissant place à l’imaginaire du spectateur.

Agnès Izrine