Giselle… de François Gremaud
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Théâtre - Entretien /Festival d'Avignon 2021
Eucharistie documentaire, grande fête sensorielle qui convie le public à partager un repas préparé en sa présence, le spectacle d’Eva Doumbia interroge la dimension politique de notre alimentation.
« Lorsque j’ai réalisé que le riz consommé en Afrique n’y était pas cultivé alors que c’est l’aliment de base de la majorité de la population, je me suis demandé de quoi était composée la gastronomie africaine avant la colonisation. Mais l’idée de ce spectacle est véritablement née de la lecture d’un article sur l’origine coloniale du Tieb Bou Dien, le plat national sénégalais, qui a déclenché en moi toute une série de questions sur les origines et les voyages des aliments. Autophagies est davantage un constat apaisé qu’une dénonciation. Nous parlons évidemment des esclavages et des dépossessions liés, par le passé, à la culture du sucre, du cacao, du café. Mais aussi, par exemple, de l’exploitation contemporaine des travailleurs des pays producteurs de tomates : qu’ils se trouvent en Chine, ou sans-papiers dans le Sud de la France et de l’Espagne. Ce spectacle part de mon intimité et de celle des interprètes pour raconter notre relation à la nourriture. Ensuite, nous tirons les fils de l’histoire et des mécanismes contemporains. Tout cela en associant différentes disciplines : le jeu, la musique, la danse, la vidéo, la cuisine…
Manger en conscience
Je n’ai jamais compris la hiérarchisation des arts. Mon théâtre est comme moi, il est hybride. Je suis composée de plusieurs mondes et de plusieurs cultures. Pas seulement parce que je suis métisse (je suis originaire du Mali et de Côte d’Ivoire par mon père). Mais aussi parce que ma famille est diverse dans sa composition sociale. Avec Autophagies, j’ai essayé de créer un rituel, une communion, une sorte d’eucharistie qui permettrait de réparer, de vivre ensemble en attendant de pouvoir agir politiquement sur les inégalités. Depuis quelques années, je tente à travers mes projets de faire connaître au plus grand nombre des récits enfouis, des pans oubliés de l’histoire, de donner d’autres versions de ce que nous avons appris. Nos modes de consommation sont inscrits dans un continuum historique. Ils sont néfastes pour l’environnement, inégalitaires, injustes et destructeurs. Je ne souhaite pas faire culpabiliser le public, mais l’amener à manger en conscience. Nous avons oublié les rituels de remerciements d’avant le repas. Chaque fois que nous mangeons, nous devrions remercier celles et ceux qui nous permettent de nous nourrir et donc de vivre. »
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
à 18h, relâche le 17. Tél : 04 90 14 14 14. Durée : 1h30.
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