Peer Gynt
Avec Peer Gynt, pièce aussi fantaisiste [...]
L’auteur-metteur en scène Pascal Rambert crée la version française d’Actrice, pièce qu’il a écrite en 2015 pour le Théâtre d’Art de Moscou. Au centre de cette célébration de l’amour du théâtre, Marina Hands sublime le rôle d’une grande comédienne.
« … sur le théâtre elle tire les larmes de ceux qui la regardent / c’est son travail / nous débarrasser de nos larmes / faire sortir sous forme de larmes notre chagrin … », dit Galina à son époux à propos de leur fille Eugenia, une grande actrice condamnée par une tumeur au cerveau. Celle-ci est allongée dans une chambre d’hôpital remplie de bouquets de fleurs. Des proches défilent pour lui rendre visite. Des membres de sa famille. Des partenaires de scène. Ses enfants. Autant d’occasions d’exprimer des points de vue sur le théâtre et l’art de l’acteur. Mais aussi sur la vie, la mort, la liberté, la famille, le rapport au réel et au sacré… Des propos clairvoyants, quoique souvent solennels, derrière lesquels Pascal Rambert prend le risque d’apparaître. Il éclipse alors ses personnages, faisant de sa création une matière à déclarations d’auteur. Actrice (publiée aux éditions Les Solitaires Intempestifs) n’est pas la meilleure de ses pièces. Cette suite de dix-sept tableaux souffre de longueurs. Et d’un lyrisme qui a tendance à verser dans le mélodramatique.
Un champ de bouquets de fleurs, dans une chambre d’hôpital
Mais – et c’est le miracle du théâtre, que ce spectacle célèbre de bout en bout -, la représentation à laquelle donnent corps les quinze interprètes ici réunis dépasse ces limites pour faire naître des moments de force et de liberté. « Les acteurs sont ce que l’on vient voir quand on va au théâtre en Russie », rappelle Pascal Rambert, qui a écrit ce texte pour les comédiens du Théâtre d’Art de Moscou. Pour sa version française, l’auteur-metteur en scène a formé une troupe d’artistes étonnants. C’est à eux que l’on doit les fulgurances de cette ode funèbre. C’est pour eux que l’on ira voir Actrice. Ils viennent de différents pays, dévoilent des personnalités insolites, des présences profondes : Audrey Bonnet, Ruth Nüesch, Emmanuel Cuchet, Jakob Öhrman, Elmer Bäck, Lyna Khoudri, Rasmus Slätis… Et puis, dans le rôle d’Eugenia, il y a Marina Hands. Dès ses premiers mots, elle nous empoigne et nous emporte. C’est peu dire qu’elle est à la hauteur de son personnage. Supérieurement concrète, portant en elle une vérité confondante, la comédienne a tout de la grande actrice qu’elle incarne.
Manuel Piolat Soleymat
Du mardi au samedi à 20h. Le dimanche 4 février à 16h. Spectacle vu le 13 décembre 2017 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris. Durée de la représentation : 2h15. Tél. : 03 88 24 88 24. www.tns.fr.
Egalement les 11 et 12 janvier 2018 à Bonlieu - Scène nationale d’Annecy, les 16 et 17 janvier au Parvis à Tarbes, les 8 et 9 février à L’Apostrophe à Cergy Pontoise, du 13 au 17 février au Théâtre national de Bretagne à Rennes, du 6 au 10 mars aux Célestins - Théâtre de Lyon, du 21 au 23 mars à la Comédie de Clermont-Ferrand, les 27 et 28 mars au Phénix - Scène nationale de Valenciennes.