Théâtre - Critique

Yaacobi et Leidental

Yaacobi et Leidental - Critique sortie Théâtre


« On veut de moi, on a besoin de moi », s’exclame Yaacobi après que Ruth lui a laissé entendre qu’elle envisageait de l’épouser. « Je compte, j’appartiens ! J’ai trouvé celle pour qui ma vie a de l’importance. Celle qui pleurera derrière mon cercueil. Qui pleurera, mesdames et messieurs, qui pleurera ! Comme je suis impatient ! Si seulement je pouvais me marier et mourir une heure après ! » A elle seule, cette réplique de Yaacobi et Leidental donne un aperçu saisissant du caractère pluriel qui caractérise l’œuvre d’Hanokh Levin. Une œuvre à la fois burlesque et grave qui, ayant souvent emprunté la voie du cabaret politique, porte un regard sans concession sur la société israélienne et les travers de l’humain. Dans la pièce que Frédéric Bélier-Garcia met aujourd’hui en scène au Théâtre du Rond-Point, l’auteur israélien (disparu en 1999, à l’âge de 55 ans) compose un triangle amoureux mettant en jeu des êtres typiquement leviniens, entendons par là des petites gens, femmes et hommes maladroits, excessifs, par moments même ridicules, qui se débattent et gesticulent en tentant de trouver le bonheur.
 
Une comédie en 30 tableaux et 12 chansons
 
Mais la plupart du temps le bonheur reste, pour eux, une perspective lointaine. Car ces êtres ont en commun une forme d’incapacité à être heureux. Ainsi, dans Yaacobi et Leidental — l’une des toutes premières pièces écrites par Hanokh Levin —, Ruth (Agnès Pontier), Yaacobi (Manuel Le Lièvre) et Leidental (David Migeot) se jaugent, se frottent, s’opposent dans un imbroglio relationnel à l’occasion duquel une amitié est rompue, un mariage célébré, une séparation consommée avant que ne se pose de nouveau la question du « quoi faire de sa vie »… Tout cela en 30 tableaux et 12 chansons, dans un esprit de farce, de dérision et d’absurde que les trois comédiens dirigés par Frédéric Bélier-Garcia prennent à bras le corps. Conférant une énergie débridée à cette comédie existentielle, Manuel Le Lièvre, David Migeot et Agnès Pontier (une véritable révélation) font preuve de beaucoup de générosité et de réussite. S’autorisant à forcer le trait sans jamais tomber dans la complaisance, ils remportent le pari du rire tout en faisant résonner les élans de tendresse, d’inquiétude, d’obscurité qui traversent de part en part l’univers théâtral de l’auteur israélien.
 
Manuel Piolat Soleymat

Yaacobi et Leidental, de Hanokh Levin (texte français de Laurence Sendrowicz, publié aux Editions Théâtrales) ; mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia. Du 19 janvier au 21 février 2010. Du mardi au samedi à 21h, les dimanches à 18h30. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris. Réservations au 01 44 95 98 21.
 
En tournée du 1er au 5 mars 2010, puis du 29 mars au 1er avril au Grand T à Nantes ; le 12 mars au Carré à Château-Gontier ; du 16 au 20 mars au Théâtre des Célestins à Lyon, du 23 au 26 mars au Théâtre de La Criée à Marseille, le 2 avril à Saint Mars-La-Jaille, le 6 avril à Haute-Goulaine, le 7 avril à Guérande.

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