Wozzeck

Wozzeck est un jalon essentiel dans l’histoire de l’art lyrique. Pour son premier opéra, créé en 1925 à Berlin, Alban Berg s’est emparé d’une pièce de Georg Büchner et a porté sur les scènes lyriques l’écho des violences de la société à travers le personnage de Wozzeck, dont le combat face à la « bonne société » est perdu d’avance : « Les gens comme nous n’ont pas de chance dans ce monde ni dans l’autre » déclame-t-il dès la première scène. Organisant l’opéra comme une grande forme musicale en trois actes et quinze scènes, le compositeur magnifie le destin implacable et dramatique de son héros, broyé par la méchanceté du monde et poussé vers la folie et jusqu’au meurtre. Dans sa mise en scène, montée sur la scène de l’Opéra Bastille pour la première fois en 2008, Christoph Marthaler livre une transposition très vraisemblable dans une ville d’aujourd’hui, en son décor unique et gris, où la vie privée va s’effaçant. Les sept représentations de cette reprise verront le baryton allemand Johannes Martin Kränzle ajouter le rôle-titre à son très riche répertoire. Il aura à ses côtés sa compatriote Gun-Brit Barkmin, soprano qui a rencontré un grand succès en 2015 dans le même rôle de Marie à l’Opéra de Zurich dans la mise en scène d’Andreas Homoki. Elle fait ici ses débuts à l’Opéra de Paris, de même que les ténors Stephan Rügamer (le Capitaine) et Nicky Spence (Andrès). À noter également la présence de Kurt Rydl, 70 ans, dans le rôle du Docteur et, dans la fosse, du Danois Michael Schonwandt, actuel chef principal de l’Opéra de Montpellier et grand interprète de Berg.

J.-G. Lebrun