Tolomeo de Haendel, avec Jakub Orlinski
À la tête de l'ensemble Il Pomo d'Oro, [...]
Le premier opéra de John Adams entre au répertoire de l’Opéra de Paris dans une mise en scène inventive de Valentina Carrasco.
En 1987, la création à Houston de Nixon in China avait fait sensation. Sur une incitation de Peter Sellars, John Adams faisait entrer l’histoire immédiate dans un art lyrique d’ordinaire plus féru de personnages littéraires ou allégoriques. Trente-cinq ans plus tard, l’argument de l’opéra (la visite du président des États-Unis auprès de Mao Zedong en 1972) surprend toujours par son audace et, avec le recul, par le caractère de fable que lui confère le livret d’Alice Goodman, prosaïque et astucieux montage – ou extrapolation – de propos tenus par les protagonistes. La musique contribue à une remise en question (somme toute assez gentille) des conventions de l’opéra : revendiquant des emprunts au jazz, au musical ou à la pop music autant qu’à la tradition savante, elle forme un patchwork qui aujourd’hui peut sembler un peu naïf. Ceci d’autant plus que la direction de Gustavo Dudamel est étonnamment engoncée : on perd au premier acte toute la verdeur jazzy de l’orchestration et, sans variations, l’écriture en boucle de John Adams devient pure répétition. Après l’entracte, avec les actes II et III – il est vrai plus lyriques, presque straussiens parfois –, la fosse retrouvera plus de clarté.
Mise en scène du mensonge
Sur scène, Valentina Carrasco file la métaphore de la « diplomatie du ping-pong », référence à une première ouverture diplomatique entre les deux pays lors des championnats du monde de 1968. Dès lors, les petites tables bleues envahissent l’espace : le jeu dans le jeu redouble le théâtre dans le théâtre qui est au cœur du livret. La metteuse en scène s’en sert pour créer une imagerie forte (le chœur intelligemment utilisé pour son effet de démultiplication) et dérouler un second fil rouge, celui du mensonge et de l’artifice : fausses reliures de la bibliothèque de Mao, chauffée par un autodafé méthodique en sous-sol ; ostensibles décors et peuple factice offerts au regard de la First Lady dans un deuxième acte aux allures de soap opera… De même, on ne sait plus si les personnages imitent leurs modèles ou poussent plus loin dans l’allégorie. Si Thomas Hampson (Richard Nixon) et Renée Fleming (Pat Nixon) sont bien les têtes d’affiche au côté du Mao de John Matthhew Myers, scéniquement imposant, la révélation de la soirée vient de la colorature Kathleen Kim, impressionnante en Chiang-Ch’Ing dans son air de l’acte II (« I am the wife of Mao Tse-tung »), paroxysme de l’ouvrage.
Jean-Guillaume Lebrun
Prochaines représentations : les 29 mars, 1er , 4, 7, et 12 avril à 19h30, les lundi 10 et dimanche 16 avril à 14h30. Tél. : 08 92 89 90 90. Durée : 3h15 avec entracte
À la tête de l'ensemble Il Pomo d'Oro, [...]
Entre Sibelius et Tchaïkovski, la pianiste [...]