Théâtre - Critique

Un Voyage d’hiver

Un Voyage d’hiver - Critique sortie Théâtre


Sortir de sa vie. Quitter la capitale. Réinventer un quotidien parmi d’autres que l’on ne connaît pas, qui ne vous connaissent pas. Aller jouer les étrangères dans un bout de campagne qui ne laisse planer aucun soupçon de villégiature touristique, qui n’a peut-être jamais vu une femme, seule, en hiver, sans raison apparente, s’installer sur ses terres. Ne pas révéler le dessein de son voyage. S’occuper à des choses inutiles, fréquenter des lieux publics : lotos, cérémonies de mariage, réunions de colombophiles… Passer de longs moments à observer les gens, la nature, les paysages. Devenir « la fille qui boit une bière seule à sa table ». Finir par nouer des liens d’amitié, préparer des pithiviers. Faire tout cela, sept semaines durant puis, la veille de son départ, organiser une fête, réunir toutes les personnes rencontrées lors de ce séjour loin de chez soi et révéler la véritable raison de sa présence parmi eux. Expliquer que le directeur de la Comédie de Béthune vous a demandé d’élaborer un spectacle en relation avec le territoire de l’Artois. Dire que les semaines passées en leur compagnie constitueront la matière de ce spectacle à inventer.
 
La fille qui boit une bière seule à sa table
 
Ce spectacle, les membres de La revue éclair* l’ont baptisé Un Voyage d’hiver. Tentant de restituer par éclats cette expérience relationnelle et intime, la représentation écrite et mise en scène par Stéphane Olry prend la forme incertaine d’une fantasmagorie aux accents tour à tour concrets et allégoriques. Une fantasmagorie étrange et composite – aux langages parlés, chantés, chorégraphiés – qui réunit sept figures sur un plateau se transformant peu à peu en maquette topographique. L’auteur (Stéphane Olry), le compositeur (Jean-Christophe Marti), la danseuse (Corine Miret), la fée du logis (Elena de Renzio), le gardien (Hubertus Biermann), la terre (Sandrine Buring), l’amour (Didier Petit) réinvestissent ainsi les troubles, les émotions et les perceptions ayant nourri cet exil autant géographique qu’intérieur. Au sein de cette proposition artistique aux allures parfois désinvoltes, à la mise en scène inégale, la présence sensible, délicate, de Corine Miret, point d’ancrage du spectacle, offre à ce Voyage d’hiver ses perspectives les plus attachantes, ses plus belles images.
                                                                                                               
Manuel Piolat Soleymat

* Compagnie fondée, en 1988, par Stéphane Olry.
 

Un Voyage d’hiver, de Corine Miret et Stéphane Olry ; texte et mise en scène de Stéphane Olry. Du 8 au 31 janvier 2009. Les lundis, jeudis, vendredis et samedis à 20h30, les dimanches à 17h00. Théâtre de l’Echangeur, 59, avenue du Général-de-Gaulle, 93170 Bagnolet. Réservations au 01 43 62 71 20. Spectacle vu lors de sa création, en décembre 2008, à la Comédie de Béthune.

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