Trézène Mélodies de Jean Racine et Yannis Ritsos, mise en scène de Cécile Garcia Fogel

Pour Cécile Garcia Fogel, Trézène Mélodies est un souvenir de théâtre qui compte. En 1996, lorsqu’elle crée cette pièce qui lui vaut alors le Prix de la Révélation théâtrale du Syndicat de la Critique, elle le fait « avec ses instincts de comédienne, de chanteuse à textes ». Dans le Phèdre de Racine, qu’elle considère comme une « perfection de la langue française et un raffinement d’harmonie et de justesse », elle voit l’occasion d’explorer sous la forme musicale une œuvre théâtrale. Elle « compose alors naïvement les mélodies, inspirée par le chant traditionnel et populaire. Influences espagnoles, flamenco, quelques notes de jazz et rengaines enfantines répétitives ».

Pour l’amour de Phèdre

Vingt-six ans après sa création, Cécile Garcia Fogel revient à sa Trézène Mélodies. Elle la revisite avec la personnalité artistique qu’elle s’est forgée depuis, en affinant notamment son trait musical. Elle va vers davantage d’épure, elle resserre. À l’origine, sept comédiens formaient la distribution complète de Phèdre ; ils ne sont aujourd’hui plus que trois artistes. Soit Cécile Garcia Fogel elle-même, Mélanie Menu et Ivan Quintero, qui jouent et chantent à Trézène en Grèce antique la tragédie de la femme amoureuse de son beau-fils Hippolyte en mêlant aux alexandrins de Racine des vers du poète grec Yannis Ritsos. Le Rebetiko, chant des anarchistes grecs, insuffle aussi de sa force à cette nouvelle version de Trézène Mélodies. Il en accentue la profondeur, mêle à la douleur une forme d’extase.

Anaïs Heluin