Toute ma vie, j’ai fait des choses que je savais pas faire
La Manufacture / de Rémi De Vos / mes Christophe Rauck
Publié le 26 juin 2016 - N° 245Commande du directeur du Théâtre du Nord à l’auteur Rémi De Vos, Toute ma vie, j’ai fait des choses que je savais pas faire met en question les thèmes de la peur et de la violence. Un monologue en forme de spirale, magnifiquement interprété par Juliette Plumecocq-Mech.
« C’est un monologue, explique Christophe Rauck. C’est une histoire que l’on raconte avec/pour les yeux, avec/pour les oreilles. C’est une actrice, un sol, un écran et Beethoven. » Voici, en quelques phrases, caractérisée la belle proposition que présente le metteur en scène à La Manufacture (cette petite forme de 45 minutes a été créée au Théâtre du Nord en novembre dernier, avant de tourner au sein de la métropole lilloise durant le mois de janvier). Une proposition tout en nuances et en ruptures, en netteté, en musicalité, qui nous plonge dans la nuit agitée d’un homme devant faire face aux provocations d’un inconnu, dans un bar. « Ok les gars. C’est pas moi qui ai commencé, c’est pas moi qui cherchais les histoires, c’est pas moi qui ai dit : toi, tu vas t’en prendre une et ça va pas traîner. » Allongée par terre, dans l’obscurité, le visage collé au sol, le corps entouré d’un marquage de scène de crime, Juliette Plumecocq-Mech se lance dans le texte de Rémi De Vos (l’auteur fait partie du collectif d’artistes du Théâtre du Nord) en restant, dans un premier temps, immobile.
La parole comme moyen de survie
Sa diction est droite. Articulée. Comme détachée de tout cadre psychologique pour s’en tenir aux champs mélodiques et rythmiques du texte. Tout d’abord lente, elle se met soudain à accélérer, avant que de nouveau ralentir, suivant au millimètre les sortes de lacets, de spirales verbales que dessine cette parole qui s’impose comme un moyen de survie. Cette parole qui va à la fois en s’amplifiant et en se précisant : de plans larges en plans resserrés. Quelle belle idée a eu Christophe Rauck de confier ce rôle masculin à une comédienne. A cette comédienne – intense et singulière. Ce parti pris accentue l’amplitude – et l’universalité – de ce monologue oscillant entre drame et pointes d’humour. N’en disons pas davantage sur les faits et les questions qu’il met en perspective. L’un des plaisirs de ce spectacle est de se laisser embarquer par ses mouvements comme dans une sorte d’enquête. Une enquête qui se déroule dans une jolie atmosphère de clair-obscur. Dans une « architecture sonore et visuelle » traversée, ici et là, par des extraits de la première sonate pour piano de Beethoven.
Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
Toute ma vie, j’ai fait des choses que je savais pas fairedu mercredi 6 juillet 2016 au dimanche 24 juillet 2016
La Manufacture
2 Rue des Écoles, 84000 Avignon, France
à 13h30. Relâche les 11 et 18 juillet. Tél. : 04 90 85 12 71.