Théâtre - Critique

Alexander Vantournhout œuvre à dévoiler le meilleur d’une humanité mêlée avec son duo brillant Through the grapevine

Alexander Vantournhout œuvre à dévoiler le meilleur d’une humanité mêlée avec son duo brillant Through the grapevine - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Cité Internationale


Théâtre de la Cité Internationale

Intimement lié aux deux interprètes, ce spectacle ne pourra jamais s’en départir, tant l’empreinte de leurs corps irrigue le travail et en fait toute la force. Alexander et Axel présentent côte à côte et face public leurs deux gabarits ordinaires, et commencent par un état des lieux de leurs corporéités jumelles. Dès lors, toutes nos certitudes tombent. La moindre tentative de mesure, la plus petite comparaison entre deux gestes, tout se solde par un constat inattendu : il n’y a pas plus différents que ces deux corps, quand la longueur d’un cou, la petitesse d’un torse, la cambrure d’un dos ou la forme d’une jambe viennent marquer une singularité insoupçonnée. Des « détails » qu’Alexander Vantournhout met au jour avec humour et détachement, avant d’entamer un corps à corps en forme de pas de deux chorégraphique sur les principes du porté acrobatique, mais toujours au gré du sol. Les deux s’en donnent alors à cœur joie pour déjouer les symétries trop commodes, devenues inutiles dans ce procédé d’autodifférenciation. Les emboîtements troublants, les transferts de poids du corps virtuoses, les formes surprenantes qui en émergent font de l’expérience une découverte à chaque instant.

Copies non conformes pour duo incongru

On ne sait si Axel Guérin et Alexander Vantournhout sont des aliens, ou les athlètes d’une relation réinventée au moindre contact. Dans l’informe de formes aussi abstraites que propices à l’imaginaire, toute tentative de calibrage ou d’étalonnage devient vaine. Dès lors, le « circographe » (c’est ainsi qu’il qualifie son travail) nous pose la question de ce que l’on voit, de ce que l’on connaît et reconnaît, des normes qui régissent notre regard. Il montre aussi les équilibres fragiles, et la notion de maîtrise, dans l’éthique d’une relation où chacun trouve sa place dans la pleine possession de ses différences. Face à ces deux humanités, le constat d’un être ensemble commun et profondément à l’écoute de l’autre devient flagrant. Le duo, d’une grande beauté par son écriture à la fois organique et créatrice d’imaginaires, porte en lui des valeurs puissantes, dans une célébration de l’altérité et de la fraternité, quels que soient les écarts et les contrastes.

Nathalie Yokel

A propos de l'événement


Through the grapevine
du vendredi 20 mai 2022 au vendredi 20 mai 2022
Théâtre de la Cité Internationale
17 boulevard Jourdan, 75014 Paris

à 19h, suivi de Fissure de Camille Boitel. Tél. : 01 85 53 53 85. Spectacle vu à l’Espace 1789 à Saint-Ouen. Lire notre critique de Fissure dans ce numéro.


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