Théâtre - Critique

Sextett

Sextett - Critique sortie Théâtre


A la lecture de Sextett (texte édité par Actes Sud – Papiers), une forme de malaise s’installe, malaise qui finit par glisser vers l’incompréhension. Comment Rémi De Vos – auteur de pièces aussi tenues qu’Alpenstock, qu’Occident ou que Conviction intime, aussi prometteuse que Laisse-moi te dire une chose – a-t-il pu laisser paraître un écrit aussi peu inspiré ? S’il est vrai que certaines de ses récentes publications (Ma Petite Jeune fille, Beyrouth Hotel…) se sont avérées moins convaincantes que ses textes les plus aboutis, du moins révélaient-elles une certaine forme d’efficacité, un sens de la situation qui manque cruellement à Sextett. Car cette suite apportée à Jusqu’à ce que la mort nous sépare sonne creux. On se demande d’ailleurs s’il était vraiment nécessaire de commander un prolongement à cette première histoire somme toute assez banale, histoire qui elle-même ne fait pas partie des œuvres les plus intéressantes de Rémi De Vos. Eric Vigner a jugé que oui, souhaitant porter un nouveau regard sur le personnage central de cette pièce (interprété par Micha Lescot) et poursuivre le cheminement artistique qu’il a engagé avec le dramaturge.   
 
Une guerre des sexes, des désirs et des identités
 
On ne devrait que se réjouir d’une telle fidélité à l’égard d’un auteur vivant. Mais il faut bien avouer que si l’on s’en tient à Sextett, cette attitude vertueuse reste infertile. Car le malaise né lors de la lecture de la pièce perdure lors de la représentation. De façon certes moins rude, moins cinglante, mais il perdure : cette bouffée fantasmagorique autour des thèmes des troubles identitaires, des désirs incertains, des conditionnements familiaux ne parvenant pas à dépasser les limites d’une petite fantaisie parfois amusante mais bancale. La mise en scène à la fois exigeante et inventive d’Eric Vigner, qui dirige les interprètes (Anne-Marie Cadieux, Marie-France Lambert, Maria de Medeiros, Johanna Nizard, Jutta Johanna Weiss…) de façon remarquable, et la performance pleine d’adresse, pleine de profondeur de Micha Lescot ne sont pas en cause. Les uns et les autres révèlent ici de très belles qualités. Mais une fois le charme du début de la représentation dissipé, les manquements du texte se mettent à peser sur le plateau, prenant peu à peu le pas sur les autres composantes du spectacle. Cela, jusqu’au dénouement brutal et alambiqué de cette histoire qui, se retournant comme une crêpe, finit d’enterrer les derniers espoirs et les dernières illusions des spectateurs.
 
Manuel Piolat Soleymat

Sextett, de Rémi De Vos ; mise en scène d’Eric Vigner. Du 15 octobre au 14 novembre 2009. Du mardi au samedi à 21h00, le dimanche à 15h00. Relâche les lundis, le 18 octobre et le 11 novembre. Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris. Tél : 01 44 95 98 21.

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