Théâtre - Entretien

Serge Noyelle

Serge Noyelle - Critique sortie Théâtre


Qui sont les NoNo ?
 
Serge Noyelle : C’est toute une équipe de comédiens et de musiciens, traversant des univers qui vont du cabaret au dîner-spectacle, en passant par un travail avec l’Académie Fratellini, mais qui peuvent tout aussi bien travailler sur des textes contemporains de Marion Coutris ou sur le répertoire de Shakespeare. Le travail des Nono est un travail très décalé dans les corps, dans les intentions, dans l’humour et dans le surréalisme.
 
Ce qui me frappe, c’est que vous affirmez un « théâtre qui fait son cirque » de même que vous vous définissez comme un metteur en scène de théâtre, d’opéra, mais jamais comme un metteur en piste ou un metteur en scène de cirque. Pourquoi cette distance ?
 
S. N. : Il ne s’agit pas de distance, mais plutôt d’un problème d’éthique et de morale. J’ai été amené au cirque par plusieurs chemins. Il y a quelques années comme enseignant au CNAC, mais cette aventure des NoNo a débuté par une commande du cirque d’Amiens, à laquelle j’ai répondu car j’étais un passionné de cirque. Ma venue au cirque s’est faite en tant qu’homme de théâtre. Cela a nécessité trois ans de recherche et d’approche avec des circassiens qui avaient aussi une sensibilité théâtrale.
 
On remarque un très fort attrait pour les corps singuliers, déformés… Pourquoi cette étrangeté, voire cette monstruosité ?
 
S. N. : Je ne dirais pas monstruosité, cela rejoint le plaisir que j’ai avec les peintres flamands, avec Fellini, avec Cassavetes, avec Jérôme Bosch… C’est un regard de plasticien. J’aime rencontrer au théâtre d’autres corps que ceux que me suggère l’hédonisme et qui m’ennuient profondément. Je suis très touché par les corps, le transformisme, les travestis, tout ce qui vient des cabarets, tout ce qui fabrique du théâtre.
 
Que vous apportent les animaux ?
 
S. N. : Le cirque est né de l’art équestre, et j’ai voulu reprendre la tradition du cirque. Ici, le cheval n’est pas du tout victimisé, il est toujours en liberté. Si l’on amène des rats, c’est seulement par humour, car ils viennent manger dans la culotte d’un des acteurs, et les oiseaux apportent une certaine force poétique. L’animal peut faire partie du théâtre lorsqu’il n’est pas en souffrance, qu’il fait déjà partie de notre quotidien. Ce qui me plaît, c’est avoir un vrai regard contemporain sur la tradition circassienne, ce petit monde très tendre et très fragile du cirque.
 
Quelle forme cela prend-il dans le spectacle ?
 
S. N. : Je reviens à la piste de treize mètres, et me suis attaché à la peur et la notion de doute apportées par les trapézistes. J’ai voulu faire du jongleur un véritable danseur de tango. On a essayé de chorégraphier avec beaucoup d’humour. Les acteurs ont remplacé la figure traditionnelle du clown, et ils viennent s’inscrire dans une dramaturgie un peu tendre, un peu noire, mais aussi très drôle. L’art, c’est l’art du décalage, il y a le réel, puis un petit quart de tour, et hop !… cela devient un autre monde.
 
Propos recueillis par Nathalie Yokel

Les NoNo font leur cirque mis en scène par Serge Noyelle, du 21 janvier au 13 février, le mardi, vendredi et samedi à 20h, le dimanche à 16h, le mercredi à 14h30, relâche le lundi, le jeudi, les 25 et 28 janvier, et le 9 février, à l’Espace Chapiteau du Théâtre Firmin Gémier, rue Georges Suant, 92160 Antony. Tél : 01 41 87 20 84.

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