Chaque apparition d’Alexander Vantournhout est une surprise : de son dévoilement dans Aneckxander, au corps-marionnettique de Raphaël, en passant par l’absurdité de Red Haired Men… Screws n’échappe pas à son désir de travailler en profondeur le mouvement dans ses principes physiques, tout en détournant les usages, normes et codes du corps. Une démarche que traduit sa propre corporéité, grande liane prompte à toutes les torsions, aussi bien douée d’une tension élastique que d’une grande force, que surplombe un visage tout en rondeur et en douceur. Avec Screws, c’est la première fois qu’il envisage son travail hors de la boîte noire du théâtre, préférant la déambulation dans différents lieux pour mettre en scène des séquences correspondant chacune à des explorations singulières du rapport au poids et à l’objet. Pas de narration, pas de fioritures, pas d’excès de zèle : simplement la juste mesure des choses et des événements. Pourtant, l’épure et l’abstraction apparentes suffisent à nourrir le regard du spectateur qu’elles happent jusqu’au joyeux final.
Des tensions et des torsions libératrices
Le principe de Screws, malgré les difficultés techniques, reste très simple : éprouver les lois de la gravité par le geste – dans les contraintes de l’objet, l’accessoire, l’agrès ou tout simplement de l’Autre. C’est aussi basique qu’impressionnant avec Vantournhout qui, greffé d’une boule de bowling au creux de sa main, expérimente tout ce que ce poids doublé de la force centrifuge peut impulser comme mouvement. Autour, le public retient son souffle, dans la secrète espérance que jamais il ne lâche son obus… Les séquences suivantes font apparaître les cinq autres acrobates. L’une, particulièrement chorégraphique, repose entièrement sur les jeux de poids et de contrepoids entre les individus, d’un simple enlacement de cheville qui vaut toutes les accroches au porté bien ancré dans le sol. Chaque fois, la spirale et l’enroulement des corps donnent à voir de magnifiques combinaisons gestuelles. Elles sont distillées ensuite dans des situations encore plus rocambolesques – les pieds suspendus en l’air, ou arrimés dans des chaussures d’escalade cramponnées dans des plaques de bois – jusqu’à la farandole libératrice qui réunit l’étrange tribu en une jolie communauté dansante.
Nathalie Yokel
à 15h, et 17h, dans le cadre de Monuments en Mouvement avec le Manège de Reims. Tél. : 03 26 47 30 40. Festival CIRCa, Bâtiment Caserne Espagne, allée des arts, 32000 Auch. Le 24 octobre 2019 à 15h et 18h, le 25 à 12h30 et 15h. Tél. : 05 62 61 65 00. Festival Spring, La Brèche, rue de la Chasse Verte, 50102 Cherbourg-en-Cotentin. Le 4 avril 2020. Tél. : 02 33 88 33 99. La Conciergerie, 2 boulevard du Palais, 75001 Paris. Du 6 au 8 avril 2020 à 19h dans le cadre de Monuments en Mouvement et Séquence Danse Paris. Tél. : 01 53 35 50 00. Théâtre Louis Aragon, 24 boulevard de l’Hôtel-de-Ville, 93290 Tremblay-en-France. Le 25 avril 2020 à 16h dans le cadre de la Belle Saison à la Poudrerie et de la Rencontre des Jonglages. Tél. : 01 49 63 70 58. Centre culturel Houdremont, 11 avenue du Général Leclerc, 93120 La Courneuve. Le 26 avril 2020 dans le cadre de la Rencontre des Jonglages. Tél. : 01 49 92 61 61. Spectacle vu au Théâtre du Garde-chasse, Les Lilas, dans le cadre des Rencontres Internationales de Seine-Saint-Denis.
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