Ils sont neuf sur scène, de dos, reliés les uns aux autres, se tenant par la taille. Au fil de la pièce ce motif deviendra récurrent, il séparera les différents tableaux. Mais pour l’heure ils se retournent, se regroupent, prennent la pose, miment la victoire, instant suspendu, recomposition, nouveau cliché, incroyablement vivant. Les visages sont emplis d’émotion, d’expression. L’un a les yeux fermés, l’autre est de dos, et ce sont ces défauts de l’image qui en font tout le sel, disent la prise sur le vif, suggèrent toujours le mouvement. Quand plus tard le son de la ville, voitures et sirènes, remplace la musique, que les fumigènes envahissent le plateau, notre regard se décale, réinterprète les images qui lui sont offertes.
Nous retrouver
Pendant plus d’une heure, Joanne Leighton nous fait voyager à travers les clichés de rassemblements qu’elle a collectionné pendant dix ans, les anime. La vue de corps allongés, mains dans le dos et face contre terre nous plonge dans de trop fréquents et douloureux souvenirs, une parade brésilienne nous emporte de sa fougue, le goût de liberté du long baiser que se donnent deux jeunes gens torses nus nous ravit, cette vision semble tellement lointaine et décalée au temps des gestes barrières ! De manifestations en processions religieuses, d’événements sportifs en rondes, la chorégraphe et ses magnifiques interprètes mettent en scène nos gestes universels. Si le rassemblement est un fil rouge dans l’œuvre de la belgo-australienne et que la création de cette pièce a commencé bien avant le temps de la pandémie, il n’y a pas meilleur spectacle pour reprendre aujourd’hui le chemin des théâtres et nous retrouver, enfin.
Delphine Baffour
Spectacle vu le 6 mai au Théâtre de l’Aquarium dans le cadre de June Events 2021.
www.atelierdeparis.org
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